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recits de navigations

Convoyage retour – Norvège – Pays-Bas sur un bord de 450 MN

Prendre l’avion s’est encore avérée une expérience chaotique et particulièrement désagréable. Après un arrêt sprinté à Amsterdam, on arrive à Stavanger et rejoignons le brave Julien qui a rempli le fond de cale de victuailles pour la traversée. Le bateau est amarré dans la petite marina de Børevigå, à quelques centaines de mètres du centre-ville de Stavanger et à côté du musée du pétrole. Ne cherchez pas de maître du port, il n’y en a pas. On paie via l’application GoMarina et on reçoit le code d’accès aux sanitaires.

La mission pour la semaine est simple, ramener notre oceanis 40 Papa Charlie de Norvège jusqu’en Zélande. Il y a 480 MN (=900 km) en ligne droite. Soit 4 jours de navigation si les cieux sont cléments. L’équipe est chevronnée. Philippe qui skippe régulièrement le bateau et est un marin de grande expérience. Julien & Thibaut qui sont des habitués. Ils ont notamment participé au convoyage inaugural épique/mythique en décembre entre le Crouesty et Nieuwpoort.

Après un petit briefing à bord, on se dégourdit les jambes dans Stavanger. Pas de bateau de croisière amarré aujourd’hui. La ville est calme pour un samedi après-midi. On est tous les quatre d’accord pour dire que Stavanger, 3ème ville de Norvège, est plus sympa que Bergen. Plus authentique et moins touristique. Après un apéro à bord, on mange des curry et butter chicken chez Zouq, mon restaurant pakistanais préféré de Norvège. A 21h tout le monde est au lit.

Réveil 7h en ce dimanche. On largue les amarres à 8h15 pendant que le Queen Mary II, bateau de croisière mythique de la compagnie Cunard, s’amarre au centre-ville. Jusqu’à midi, la légère brise venant du large n’est pas suffisante pour progresser à la voile. Elle bute contre le relief de la côte. On appelle cela l’effet coussin.

Les premières 36h sont très favorables. Le vent d’ouest varie entre 8 et 15 nœuds et Papa Charlie avance entre 5 et 8 nœuds. L’équipage s’impatiente de voir les plateformes pétrolières promises. On navigue pendant de longues heures sous gennaker au portant au soleil sur une mer plate. On affale cette grande voile de portant par précaution lorsque la nuit tombe. Menu du midi: pâtes brocoli chèvre gruyère. Menu du soir: wraps.

La première nuit est noire. La lune pleine et orangée disparaît très tôt et on avance dans l’obscurité totale. Nous passons enfin à côté d’une première plateforme. Elle ressemble à un sapin de Noël avec toutes ses lampes et sa torchère au sommet. A l’AIS, on peut voir quatre bateaux stationnés autour. Papa Charlie continue sa route rectiligne. Cap au 195° (sud-sud-ouest).

La journée du lundi est rythmée par le passage de grains. Les grains – nuages monstres – visibles à l’horizon s’approchent lentement avant de surgir subitement. Le vent monte de 10 à 20 nœuds et nous force à manœuvrer. On réduit la puissance de la grand-voile en lâchant le hâle bas et choquant l’écoute. Le génois est enroulé de quelques tours. Enfin on abat d’une vingtaine de degrés pour réduire le vent apparent. Les trois grains du jour nous arrosent mais passent facilement. A midi on mange poulet courgette quinoa. Le soir poulet courgette pâte pesto. Chaque fois avec du topping de gruyère.

Le vent s’écroule à la fin de cette deuxième journée et on passe la soirée et la nuit au moteur. Julien & Philippe font quelques tentatives d’avancer à la voile. Mais sans résultat autre que de réveiller le quart qui se repose.

A minuit, Thibaut et moi montons sur le pont. La lune est beaucoup plus haute que la nuit précédente. C’est un véritable spot qui réfléchit sur la mer. Vers deux heures du matin la lune disparaît, et les étoiles brillent d’autant plus par cette nuit sans nuages. Au loin, sur l’arrière bâbord, une torchère de gaz crée un halo rose.

Depuis le départ, nous avons effectué de nombreuses manœuvres à la voile (hisser, affaler, dérouler, enrouler), mais n’avons pas encore viré ou empanné de bord. C’est-à-dire que les voiles sont, et resteront jusqu’aux Pays-Bas, à bâbord. Le vent venant de tribord.

Au matin, le vent rentre du sud-ouest et on entame un long bord de près. La gîte use les organismes. Manger s’habiller se déplacer. Toutes ces choses anodines sont compliquées. A midi, je prépare un risotto saucisse petits pois lentilles. C’est étonnamment le premier repas que je prépare. L’équipage ayant bien assuré jusqu’ici. La journée suit son cours tranquille au rythme des variations de vents. Nous passons – enfin – près d’énormes et nombreuses plateformes gazières. Un hélicoptère se pose même sur l’une d’elles alors qu’on passe à côté.

La troisième nuit est éreintante. Un front chaud (?) arrive. On enchaîne les grains qui sont nettement plus violents que la veille. Ces immenses nuages déversent des torrents d’eau sur nous. Le vent passe de 5 à 30 nœuds en quelques secondes. De rien à tout. On réduit puis on renvoie de la voile toutes les trente minutes. La mer désordonnée nous fait danser avec elle. Sauter avec elle. Valdinguer dans tous les sens. Après trois plats à la sortie d’une vague, Philippe change la couchette avant pour la couchette stratégique et confortable à l’arrière tribord.

Je reste à la barre pendant trois bonnes heures. L’adrénaline m’empêche toute façon de dormir et tout mon corps est tendu. Crispé. Il y a beaucoup trop de lumières non identifiées à l’horizon. On devine de nouveaux grains dans la nuit noire car très nuageuses. Après le front, le vent « prend de la droite », il tourne de SW à WNW (sud-ouest à ouest-nord-ouest). Le bateau se retrouve au portant est commencer à foncer. Cap au 180°.

Au matin. On est un peu groggy. Pas le temps de se déconcentrer. La côte hollandaise est toute proche. Elle est piégeuse à cause de son trafic et ses zones interdites. Vers 8h, au moment où je sors de ma couchette, ce sont quatre bateaux commerciaux qui passent derrière nous. Ils font route vers Ijmuiden (Amsterdam).

Avec le courant favorable, nous traçons à 9 nœuds entre Amsterdam et Rotterdam. Ce qui est surprenant ce sont encore et toujours des plateformes gazières. Cette énergie du passé contraste avec les milliers d’éoliennes construites et encore en développement.

Grâce à notre vitesse élevée, nous passons sans encombres les chenaux d’entrée du porte de Rotterdam. Des centaines de navires sont à l’ancre. Vides, ils attendent leur prochaine cargaison.

Après Rotterdam, il nous reste une vingtaine de milles jusqu’à l’écluse du Roompot puis l’Oosterschelde jusqu’à Wemeldinge. On se détend et grignotons sur l’heure de midi. Le plus dur est derrière nous, se dit-on. Le courant s’inverse, on passe de 9-10 nœuds à 6-7 nœuds. Le courant contre le courant fait lever la mer. Le chenal jusqu’à l’écluse est beaucoup plus étroit, long et piégeux que dans mes souvenirs. 10 MN à serpenter entre des bouées peu visibles. Au moindre écart, on s’échoue sur un banc de sable.

A 16h on arrive devant l’écluse. Problème, la marée est trop haute, et la hauteur libre en dessous du pont est insuffisante pour laisser passer notre mât (19 mètres au dessus de l’eau). Nous grignotons les restes du frigo. Fromage. Jambon. Chips. Petite Bière. Puis on nettoie le bateau. A 18h, l’éclusier (à distance), nous confirme qu’il y a assez de place pour passer sous le pont. Il reste encore 18 MN jusqu’à Wemeldinge, mais avec 1,5 nœuds de courant contraire. Au lieu de progresser à du 5-6 nœuds, on se traine à 3,5.

Des grains réapparaissent au loin. Je réfléchis tout haut à affaler la grand-voile haute, et continuer au moteur. Un magnifique nuage apparait sur notre arrière tribord. Thibaut et Julien vont au pied du mât pour affaler la GV quand une rafale à 35 nœuds arrive. Je leur crie de s’agripper. Trente-cinq nœuds. Papa Charlie se couche sur son flanc tribord. Thibaut se tient au mat et Julien aux filières bâbord. Philippe réagit ensuite en choquant la GV. La voile bat dans tous les sens pendant qu’on la descend en catastrophe.

Après le vent, la pluie et la grêle. Philippe se met au poste de barre pour guider le bateau au moteur pendant que des trombes s’abattent. Réfugié à l’intérieur, je m’équipe pour intervenir au cas où. En arrivant à haute de Colijnsplaat, alors qu’on croit le grain passé, la foudre suivi immédiatement d’un coup de tonnerre déchire le ciel. On ne fait pas les malins. Fort heureusement, cela passe sans dégâts. Deux heures plus tard, la nuit bien entamée, on arrive à bon port. On file en catimini car demain matin, c’est boulot !

Comment choisir son système de quart pour des longues traversées?

2h, 3h, 4h, 5h, 6h? Tournant, roulant? Fixe? Variable? La question de comment organiser ses quarts lors de longues traversées revient inlassablement. La réponse dépendra de nombreux facteurs, comme

  • la taille et l’expérience de l’équipage
  • la durée & la difficulté de la traversée
  • le bateau
  • l’expérience, la confiance et l’endurance du skipper

Dans les paragraphes qui suivent, je vais partager mon avis en me basant sur les plus de 100 nuits que j’ai passées en mer comme skipper, lors de traversées de l’Atlantique, du Golfe de Gascogne, de la Mer du Nord vers l’Angleterre ou la Norvège, la mer de Chine vers les Philippines, ou encore la Manche.

Traversée de plusieurs jours au large

Imaginons un équipage de 4 personnes avec au moins 2 personnes capables de barrer par toutes les conditions et d’assurer la veille de nuit.

Système 6h/6h tournant

Lors de ma première transatlantique, nous n’étions que 4 personnes à bord. 2 jeunes expérimentés, et 2 seniors charmants mais un peu moins vaillants… surtout au vu des conditions affrontées dans le golfe de Gascogne fin octobre (30-40 nœuds au près pendant 4-5 jours). On avait opté pour un système de quart à 2.

  • 8h-14h – A (repas à 13h30)
  • 14h-20h – B (repas à 19h30)
  • 20h-2h – A
  • 2h-8h – B

Alors oui, les 6h de quarts, de nuit, c’est ultra fatiguant. Surtout quand le pilote ne tient pas vu les conditions de mer, la pluie horizontale dans les yeux, etc. J’avais même dû tenir un quart entier à la barre. Par contre, après, j’ai eu mes heures de repos, presque une nuit complète.

Système 4h/4h/libre

Mon système préféré les dernières années. Toujours avec un équipage de 4 personnes, il s’agit d’avoir 2 x 2 quarts de 4h pendant la nuit et le matin, et l’après-midi libre avec chacun au moins 2h à la barre.

  • 20h-0h – A
  • 0h-4h – B
  • 4h-8h – A
  • 8h-12h – B
  • 12h-20h – (repas à 12h30 et 19h) libre, chacun s’engage à prendre la barre au moins deux heures. On s’organise librement pour aller faire sa petite sieste.

Pourquoi je n’aime pas les quarts de 2h, ni les quarts roulant

Les quarts de 2h ou 3h sont à éviter s’il n’y a que 2 quarts. Le temps de se déshabiller, d’aller aux toilettes, de se mettre dans son duvet, et de trouver le sommeil,… il sera déjà presque l’heure de ré-enfiler son cirré pour monter sur le pont. Donc, évitez…

Et le skipper? Dans le quart ou hors-quart?

Durant mes premières années comme skipper, j’ai surtout navigué de nuit en côtier, avec un équipage dont je connaissais pas les compétences et surtout à qui je ne pouvais pas déléguer le suivi de la navigation. Dans ces conditions là, j’étais hors quart, je dormais dans le carré en ciré, et suivais les moindres mouvement. Je sortais au moindre doute. Je me rappelle, entre l’Irlande et les Scilly, le quart sur le pont échangeait sur des signaux lumineux visibles au loin. Clairement, ils ne comprenaient pas ce qu’ils voyaient, mais au moins ils étaient attentifs. Au bout de quelques minutes, ils m’appellent sur le pont. En 3 secondes je suis dans la descente. Et là, je vois un chalutier à moins de 200m. On fonce au portant à 8,5 nœuds (c’était un 45 pieds) vers son chalut derrière lui. Ni une ni deux. On envoie un empannage et on s’écarte de cette route de collision.

Hors quart. En ciré, dans le carré. J’étais tout le temps fatigué et décalé du reste de l’équipage. Je le déconseille fortement.

Maintenant, je vais systématiquement prendre le quart le plus pénible (0-4h du mat sur une récente traversée vers la Norvège) ou le quart qui va me permettre d’être sur le pont au moment de l’atterrissage (arrivée sur les côtes). Hors quart, j’enlève mon ciré et me faufile dans mon sac de couchage. Si la navigation ne me permet pas de dormir un bon quart, je mets mon réveil dans 30-60 min. Je raisonne toujours ainsi: danger à 10 MN / vitesse 5 nœuds, donc j’ai 2 heures avant un problème potentiel, je peux dormir 1h15-1h30.

Autres paramètres à prendre en compte: repas, vaisselle, décisions

Décider de son système de quart est toujours un moment délicat. Plusieurs équipiers ont leur avis et chacun a des expériences différentes. Je vous encourage à expliquer les paramètres, météo, fatigue, expérience de l’équipage, dangers, et de laisser l’équipage explorer les options. Il n’y a pas de mauvais systèmes (sauf le 3/3), ou les systèmes roulants trop rapidement (chaque jour un autre quart).

Lors des navigations en quart, la prise des repas ensemble (à midi et le soir) est le moment convivial par excellence. Veillez à vous mettre d’accord sur un certain principes. Qui prépare le repas (généralement le quart qui est sur le pont)? A quelle heure on mange (30 min avant le changement de quart)? Qui fait la vaisselle? A quelle heure réveille-t’on le quart suivant? Etc.

Convoyage entre Wemeldinge & Stavanger

On largue les amarres vers 11h ce samedi par un belle journée d’été. Grand soleil et légère brise venant du large. Après un arrêt rapide pour remplacer la dernière bonbonne de gaz au Goese Sas, on navigue au près vers l’écluse du Roompot.

Une fois l’écluse franchie, nous sommes « en pleine mer ». Les prévisions météorologiques s’avèrent malheureusement exactes. Le vent s’écroule et on doit progresser au moteur, jusqu’à Scheveningen – port de la ville hollandaise La Haye à 35 MN (milles nautiques) au Nord. A 23h, nous nous amarrons dans une partie quelque peu abandonnée du port et filons au café pour fêter la première journée, et surtout analyser la suite de la route. Nico sur son iPad. Stijn et Luc avec l’application Windy sur leur téléphone. J’utilise mon ordinateur et le logiciel belge Squid pour faire des routages.

Un été en Norvège – cela se mérite

Il y a 470 MN en route directe entre Wemeldinge et Stavanger. L’objectif de cette semaine – rallier Stavanger en Norvège en 7 jours. Il y a 4 jours de navigation mais la météo est compliquée. Plusieurs coups de vent (25-30 noeuds de face) sont prévus en Mer du Nord. Un premier qui dure jusqu’à mardi. Une seconde dépression qui arrive jeudi. Nico analyse une option folle via le canal de Kiel et l’Est du Danemark. Luc analyse un bord vers Hull au Royaume-Uni. Finalement, on choisit la route directe et une étape à Den Helder où nous attendrons « la bonne fenêtre pour traverser ».

Dimanche – deuxième jour

Réveil 6h30 pour profiter du courant favorable (1,5 noeuds). Nous sommes une petite dizaine de voiliers à sortir du port de Scheveningen. La légère brise de travers (7-10 noeuds) nous permet de naviguer à bonne allure. Nous passons devant Ijmuiden (port d’accès à Amsterdam). La mise à jour météo à 10h30 suggère une opportunité pour traverser le lendemain soir.

Avec Stijn, Nico et Luc à bord, j’ai la chance de naviguer avec des personnes qui connaissent bien le bateau et sont super faciles en mer. On n’a pas besoin de se parler pour se comprendre. Tout le monde sait qu’on porte le gilet en permanence, on s’attache de nuit, comment prendre un ris et comment dérouler le génois. Je peux dormir sereinement et j’en ai grand besoin.

En début d’après-midi, après avoir navigué entre des champs d’éoliennes en mer à bâbord et des dunes à tribord, on s’amarre à Den Helder. La ville est connue pour sa base militaire et son ferry vers l’île de Texel, mais pas spécialement pour son attractivité touristique. Le quartier des quais au centre ville nous surprend agréablement.

Lundi d’attente

On s’installe au café-restaurant de Stoom (super sympa) pour une journée de travail. J’enchaîne les capucinos , les calls et les e-mails. On affine ensemble l’analyse météo, les courants, et les routages. La fenêtre du soir s’améliore à chaque update météo (le modèle européen EMCW étant plus réaliste que l’américain GFS).

Départ à 16:30. La première demi-heure est pénible. Moteur à fond face à 25 noeuds de vent et des vagues d’un bon mètre. Ensuite on pique au Sud – à contresens de la route – pour éviter des hauts-fonds du Noorderhaaks. Le chenal étroit du Molengat n’étant plus praticable à cause de son ensablement. La mer est agitée et désordonnée. On ne fait pas les malins. On sort du chenal, virons et partons au nord. On lâche les 2 ris dans la GV (grand voile).

Qu’est-ce qu’on fout là ?

Nos estomacs s’accrochent mais les conditions sont horribles. Papa Charlie n’avance qu’à 4 noeuds (au lieu des 6-7 espérés). Le bateau tape dans les vagues et le vent mollit. Dur coup au moral. Le quinoa feta préparé par Nico peine à nous égayer.

Stratégie de route

La stratégie de route entre Den Helder & Stavanger comprend 3 phases. D’abord en ligne droite cap 355° au près bon plein vers la Norvège. Puis se décaler progressivement vers l’ouest après deux jours, cap 330°. Ensuite empannage et cap 20°-30° sur Stavanger.

L’enjeu est d’arriver avant jeudi midi et l’arrivée d’une dépression générant du vent de 20-25 noeuds (6-7 beaufort) de Nord le long de la côte norvégienne. Fait remarquable, la météo s’avérera extrêmement précise sur toute la traversée.

Fin juin les nuits sont courtes au Nord des Pays-Bas. Stijn et Nico prennent le quart de 20h à minuit. Luc et moi prenons le relais jusqu’à 4h pendant les heures de pénombres.

On alterne une heure à la barre et une heure en équipier de veille. Je prépare une petite soupe pour nous réchauffer. Ne croyez pas que nous sommes seuls en mer. Il y a d’abord deux rails de cargo à franchir et ensuite ce sont des centaines de plateformes gazières et pétrolières. L’AIS facilite la veille. Ce système – Automatic Identification System – permet aux bateaux de partager leur position, cap et vitesse via les ondes vhf. Sur l’écran de notre GPS, nous suivons les mouvements des bateaux autour de nous.

2h du matin

Luc: « Miguel, est-ce que toutes les plateformes sont éclairées?»
Miguel: « oui normalement »

Quelques secondes plus tard. On devine dans la nuit une structure non-éclairée sur notre bâbord. Elle n’est qu’à quelques dizaines de mètres. Silence. Cela n’est pas passé loin.

Mardi à la gîte

On a du mal à entrer dans le rythme. S’habiller est compliqué. Préparer à manger est compliqué. On souffre gentiment et on est tous fatigués. Stijn comate dans sa couchette. Luc s’accroche à la barre. J’ai des pensées sombres.

Pour le souper, je prépare des pâtes. Le moral remonte un peu. Ensuite je file dans ma couchette. Pas facile d’aller dormir à 20h.

Mercredi.

La mer se calme progressivement. On prend confiance. On prend plus de plaisir. Pendant notre quart du matin (8h-13h), Luc et moi reprenons des forces et mangeons abondamment. Luc fait du café. Je prépare une omelette. On déguste un saucisson et un bloc de fromage. Ensuite on finit les pâtes de la veille.

Quand Nico et Stijn émergent. Luc descend faire une sieste. Comme prévu, le vent mollit et tourne Sud. Le bateau gîte de moins en moins. On célèbre la belle journée avec un petit apéro. Premier moment de convivialité après 48h de navigation.

Je prépare un quinoa légumes pour le soir. On échappe aux pâtes sardines suggérées par Nicolas.

Arrivée sur Stavanger

Pour notre dernière nuit en mer. Nous alternons entre moteur et voile. Le vent tourne en quelques minutes de Sud à Nord. La dépression arrive et il reste une vingtaine de milles jusqu’à l’entrée de Stavanger. Au matin, la brume limite la visibilité à 500m. Je vois à l’AIS un cargo en route pour les Féroé. Il change son cap pour nous éviter et passe 1 MN (= 1.852 mètres) derrière nous. On ne le voit pas. On ne l’entend pas.

Luc s’éclate à la barre, au près de nouveau. Papa Charlie fonce à 8 noeuds. Le vent forcit déjà et je prends un ris dans la GV. A 4h, nous descendons dormir alors que la bouée ouest (9 éclats toutes les 15 secondes) signalant l´entrée du chenal est en vue. Deux virements de bord plus tard, l’autre quart allume le moteur et remonte face au vent dans le fjord de Stavanger. A 8h, nous enroulons la pointe en même temps qu’un paquebot de croisière géant. On hisse les voiles et finissons au portant cette belle navigation. On s’amarre au centre ville. Des hordes de touristes allemands débarqués du paquebot sillonnent la ville. Nous zonons fatigués mais avec le sentiment du devoir accompli. Je m’installe dans un café trop bruyant pour travailler et prendre quelques calls.

Zouq – Hekkan – Koko – Réparation

Stijn – en connaisseur de la Norvège – nous emmène au restaurant Zouq. Un excellent indo-pakistanais. A 21:30, je prends un dernier call alors que le reste de l’équipage roupille déjà. Après une bonne nuit de sommeil, on dédie la journée du vendredi au nettoyage et aux réparations. Luc s’attaque au feu avant tribord, puis à la planche du cockpit, la planche WC et enfin le plus dur / ré-accrocher les rideaux du carré. Tâche qui demandera ingéniosité extrême, entre achat de nouveaux boutons pression et démontage du plafond.

Samedi, on finit le nettoyage avant de repasser par nos adresses préférées. Burger cuit au charbon de bois chez Hekkan. Café bio bobo au koko café. Au retour sur le bateau – l’équipage suivant prend déjà ses marques. Mission accomplie.

Convoyage en hiver, de la Bretagne à la Belgique

Deux jours à tourner en rond au Crouesty suffisent. Ce hameau situé à la sortie du Golfe du Morbihan, à côté de Port Navalo, est devenu en 40 ans un lieu incontournable de la navigation de plaisance en Bretagne Sud avec plus de 1.400 emplacements à flot. On quitte le port en début de matinée après un bon petit déjeuner.

Le vent souffle du NW (nord-ouest) et le premier bord en direction du passage de la Teignouse est grisant. Grand Voile haute et génois déroulé, notre Oceanis 40 déboule à 8 nœuds au travers. A la sortie de la Baie de Quiberon, on lofe au près. Le vent grimpe à 20 nœuds et la mer est encore agitée du coup de vent de la veille. Nos estomacs sont à l’épreuve mais tiennent le coup. Je remonte le moral à coup de « Pain Saucisse ». Recette devenue incontournable à bord.

On tire des bords au près pour gagner au nord, en longeant la côte. On passe à côté du phare des Birvideaux avant de partir à l’ouest vers le sud de l’île de Groix. Des dauphins, presque comme d’habitude j’oserais dire, viennent jouer avec l’étrave de Carpe Maria III qui cherche un nouveau nom. Les mammifères ne nous lâcheront pas pendant de nombreuses heures.

La nuit tombe tôt (17h). Le vent s’écrase et on continue au moteur au Sud des Glénans vers la Baie d’Audierne. Je décide de longer la côte pour éviter du vent trop fort de face. Avec Julien et Stijn, on trouve un coffre dans la nuit noire au mouillage d’attente de Sainte Evette pour se reposer un petit peu.

Vent contre courant – tu éviteras

Deux heures à peine plus tard, mon réveil sonne et nous larguons les amarres avec Nicolas. On est optimistes. Grand voile haute et génois déroulé. Pendant qu’on avale les 10 milles nautiques qui nous séparent du Raz de Sein, le vent forcit. Dix. Quinze. Vingt. Vingt-cinq nœuds. Au près. Porté par le courant, Carpe Maria III s’approche à 10 noeuds de vitesse du phare de la Vieille et de la cardinale ouest de la Plate. On prend en catastrophe un, puis deux ris dans la grand voile. Heureusement la manoeuvre est fluide. La nuit est toujours noire même s’il y a des feux de bouées et de phares partout. La mer s’agite progressivement.

A l’entrée du Raz de Sein, la mer est en ébullition. Rien à voir avec les deux passages que j’y ai fait il y a quelques mois. La mer est une soupe. Les vagues vont dans tous les sens. Le vent contre le courant soutenu dans cet étroit goulot à la pointe de Bretagne ne pardonne pas. J’aurais dû mettre le réveil une heure plus tôt pour passer vraiment à l’étale. Trop tard. Nico est à la barre. Je regarde la carte sur mon iPad.

La mer déferle. Une vague. Puis une deuxième. Puis une troisième. Le pont se retrouve sous des milliers de litres d’eau . Ouf, les hublots sont étanches. Par chance, nous tirons le capot de la descente juste avant qu’une vague ne recouvre le roof entièrement. L’eau glacée dégouline mais n’entre pas dans le bateau. A l’intérieur, après deux vols planés, Thibaut qui dormait dans la cabine avant, se réfugie dans le carré.

Je crie aux trois équipiers à l’intérieur qu’on vire dans trois minutes. Encore dix minutes à tenir et la mer se calmera. Le bateau est emporté par le courant et tourne dans les marmites de courant. On vire puis on s’échappe de cet enfer vers la Baie de Douarnenez. Le jour se lève. Le vent tombe. Un dauphin prend de nos nouvelles. On continue la route au moteur vers la Presqu’ile de Crozon. Stijn me remplace sur le pont et je m’écroule dans ma couchette. Deux heures plus tard, l’équipage a déjà oublié la nuit difficile. Il fait presque beau lorsqu’on entre dans le magnifique port de Camaret-sur-Mer.

Le village est désert. On lunche dans le seul restaurant ouvert. Le café de la place. On s’offre des huîtres et un verre de blanc comme entrée. La suite, du poisson et un plat végétarien, est délicieuse. Le serveur/gérant est charmant. Julien, Nico et moi entamons une balade digestive le long des falaises. Le sentier sillone entre cratères d’obus et bunkers allemands jusqu’à la plage de Pen Hat. Quelques surfeurs affrontent le froid. De retour au port, je travaille pour le boulot avant d’analyser la suite de la navigation avec des logiciels météo et de routage.

Les amarres sont larguées juste avant le coucher du soleil. Je cuisine alors qu’on fait route vers le Chenal du Four. Le dernier passage à niveau qui sépare la Bretagne Sud de la Bretagne Nord. Le Chenal est heureusement beaucoup plus calme que le Raz de Sein franchi le matin même. A la sortie du chenal, le vent d’ouest se lève doucement.

Escortés par des dauphins, les deux quarts – Nicolas & Thibaut et Stijn & Julien – font de l’excellent boulot. Le pilote automatique fait le plus dur en barrant le voilier pendant la majeure partie de la nuit. La nuit est noire et il est difficile de barrer dans ces conditions. On fait plus de 7 nœuds de moyenne jusqu’à Dartmouth. Carpe Maria III atteint même 12 nœuds dans des surfs en arrivant sur les côtes anglaises. L’arrivée dans la petite ville de Dartmouth est source d’enchantement. C’est tellement beau. Vers 13h heure anglaise, on s’amarre à la Dart Marina.

Escale anglaise des pestiférés covid

Le capitaine du port nous refuse la place et nous renvoie sur un coffre au milieu de la rivière. Il faut que l’équipage suive la procédure covid en vigueur depuis la veille. Quarantaine. Test PCR le deuxième jour. Puis attente des résultats. A noter que le test PCR est fait soi-même grâce à un kit reçu par la poste et renvoyé par courrier. Bref, aucune valeur médicale. En plus cela coûte 100 Pounds. Et demain on est partis.

On lunche tranquillement à la place de port qu’on nous refuse. Branché à l’électricité, un petit chauffage nous réchauffe (et sèche) après la dure traversée. Le capitaine du port revient à la charge. Il veut qu’on dégage. On appelle un autre port situé 1 km plus loin qui accepte de nous accueillir. Houra. Dix minutes plus tard, alors qu’on fait route, on nous refuse l’accès à nouveau. On finit sur un ponton, sans eau ni électricité, au milieu de la rivière Dart. Le moral est en berne.

Je lis sur les sites gouvernementaux en détails les mesures covid en vigueur. La procédure telle qu’expliquée a du sens pour les voyageurs qui arrivent à Heathrow et qui rentrent chez eux (en quarantaine), mais n’a aucun sens pour des marins. La section « exceptions » offre notre planche de salut. En tant que marins professionnels, double vaccinés, nous sommes exemptés de toute contrainte covid. Yallah. Le deuxième port accepte de nous mettre sur un ponton – non relié à la terre – mais avec de l’électricité. Au moins on passera une bonne nuit.

On gonfle l’annexe et on passe deux heures à terre pour faire quelques courses, boire une pinte de Guinness locale et manger un fish and chips. A 21h, tout le monde roupille comme des biens heureux. Le ventilateur de notre chauffage électrique nous berce.

25 nœuds sinon rien

Après une nuit de sommeil, le port pas convaincu d’avoir bien respecté les règles nous offre la nuit, et évite ainsi de nous inscrire dans ses registres. Plus énorme. Les douanes, avec qui je suis en contact depuis la veille, m’appellent pour me prévenir qu’ils préparent une descente sur notre bateau. Ils nous conseillent de partir. Véridique !

A 14h, nous reprenons notre route vers la Belgique. La tempête qui nous avait forcé à nous réfugier est sensée mollir. Le vent souffle du Nord. Il est polaire. Pendant 34 heures, nous faisons cap plein Est.

J’ai mal préparé la route et sous-estimé le courant à hauteur de l’île de Wight. On a plus de 3 nœuds de courant de face… Heureusement, le vent vient de terre (et la mer est calme), et Carpe Maria avance à 8 nœuds sur l’eau. Chaque mise à jour météo nous promet un vent plus calme d’une quinzaine de nœuds. Au contraire. Le vent ne passe jamais en dessous des 25 et monte régulièrement au dessus des 30. L’équipage est lessivé par les embruns et le froid. Nous longeons d’abord la côte anglaise de jour, puis passons Wight de nuit, avant de traverser la Manche de jour. Enfin on arrive sur Calais puis Dunkerque de nouveau de nuit.

Hors quart, j’ai pu me préserver pendant la première nuit en restant au chaud relatif de la cabine. L’arrivée sur Calais est rock-n-roll. N’étant plus protégés par la côte anglaise, la mer se déchaîne et les rouleaux deviennent de plus en plus gros. Je prends la barre. A moitié pour m’occuper, à moitié en espérant calmer les embardées du bateau. Ma deuxième paire de gants reste sèche pendant cinq minutes avant de se faire avoir par un bel embrun. Après avoir traversé les rails de cargos du détroit, on croise le ballet des ferries assurant la liaison Calais-Douvres.

Dunkerque est enfin en vue. On manque de se faire peur en évaluant mal un cargo sortant du port industriel. A un mille du port de plaisance, le vent s’écroule enfin. On entre dans la nuit noire dans le port et on s’amarre en silence. Les rescapés lèvent la tête de leur sac de couchage. On se félicite tous. Heureux d’avoir fait tout ce chemin en équipe. J’avale un yaourt et m’enfonce dans mon duvet, bercé par le ventilateur du radiateur électrique.

Clap fin

Les quinze milles séparant Nieuwpoort de Dunkerque ne sont que plaisir. Le vent est de nouveau à 25 nœuds (6 bons beaufort). Cela caille toujours autant. Mais déjà nostalgiques, on appréhende déjà le fait d’arriver. La fin d’une belle histoire. Mission accomplie. On écoute Radio Beach, station locale animée par le papa de Stijn. Carpe Maria III fonce pleine balle vers son abri pour cet hiver. Les parents de Stijn nous accueillent à l’arrivée autour d’un café chaud.

Après le dîner au yacht club du VVW, Julien et Thibaut reprennent le train. Stijn rejoint sa famille. Nico et moi retrouvons l’humidité et la froideur du voilier. Au matin, sous la pluie, on sort le bateau de l’eau. La scène est cocasse. Le vent siffle dans les haubans et une pluie froide tombe du ciel. Trois voitures suivent – PAPA CHARLIE (le nouveau nom pour le bateau) – suspendu à la grue. Dans la première la famille de Nico. Dans la deuxième ma famille. Dans la troisième, mon oncle et ma tante de passage dans la région. Après l’hiver, Papa Charlie pourra enfin emmener des groupes voguer sur l’eau, dans des conditions bien plus confortables.

Aberwrac’h – Quiberon [Bretagne 2021]

La troisième et dernière semaine de ce périple breton commence par un contrôle des douanes dans le port de l’Aberwrac’h. Alors que notre Dragon Océan est dans un désordre pas possible suite à notre arrivée nocturne la veille, six inspecteurs montent à bord et contrôlent nos papiers. Acte de franchisation. Cartes d’identité. Livre de bord. Liste d’équipage. Contrat de location. Numéro mmsi. Le bateau – immatriculé aux Caraïbes – attire leur attention car cela est un mécanisme populaire pour réduire ses impôts en France. Heureusement tout est en ordre, et la bonne humeur des douaniers n’était pas feinte.

Contrôle des douanes à bord

Le courant de marée n’étant pas favorable avant 14 heures, un petit déjeuner en terrasse et une douche réparatrice s’imposent.

Le vent sud-sud-ouest est toujours contraire. La navigation commence au moteur dans les chenaux des roches de Portsall. Le mer est hachée. Le vent de face monte à 20 nœuds. Jérôme guide le bateau grâce à son application Navionics. Jens barre pour éviter d’attraper le mal de mer. Le Phare du Four marque la fin de la navigation « au mètre près » et le début du réputé Chenal du Four. Contrairement à mes attentes, la mer y est plus calme. A la pointe de Saint-Matthieu (sud du Chenal du Four), on déroule le Génois et nous continuons à la voile jusqu’à Camaret-Sur-Mer. J’aurais aimé aller à Mortgat ou Douarnenez, deux ports bucoliques mais plus éloignés de la route.

Apéro sur les quais de Camaret

Tempête au port

Nous restons deux jours à Camaret car une grosse tempête (8-9 beaufort) est annoncée pour le lendemain. Pendant la matinée, on profite du « calme avant la tempête » pour refaire une balade sur les falaises de la presqu’île de Crozon. L’après-midi et la soirée se passent au café. J’ouvre mon ordinateur professionnel et traite une cinquantaine de mails. Les rafales dans le port atteignent les 30 nœuds. Le bateau est sérieusement secoué. La tempête m’empêche de dormir avant 4 h du matin. Je vérifie les prévisions météorologiques pendant mon insomnie et décide de postposer le départ – initialement prévu vers 7h – à 13h.

Tour Vauban à Camaret-sur-Mer

Après une nuit blanche et un dernier cappuccino en terrasse sur les quais de Camaret, nous prenons la direction du Raz de Sein. La première heure le vent nous permet de tenir un bon rythme face à la houle résiduelle de la tempête. Le moteur prend le relais lorsque le vent tombe et nous faisons escale à l’île de Sein. C’est une petite île isolée avec à peine 195 âmes, située quelques centaines de mètres du fameux Raz de Sein où la mer devient impossible lorsque vent et courant s’opposent. Le courant peut atteindre 10 nœuds. Bref, pas le moment de rigoler. Vu l’absence de port « en eaux vives », les visiteurs sont peu nombreux. Ce soir-là, nous ne sommes que deux bateaux visiteurs à nous échouer. L’instant est magique. Nous sommes au bout du monde.

Île de Sein

Îles du bout du monde: Sein, Glénan & Belle-Île

A terre, on se promène jusqu’au bout de l’île, au phare de Sein. Sur les quais du « centre-ville », nous retrouvons de nombreux îliens. Assis sur des bancs bricolés. Jouant à la pétanque. Ou comme nous, profitant d’une bière de « chez Bruno ». Nous sommes (quasiment) les seuls visiteurs et vivons un vrai moment d’intimité « îlienne ». Durant la tempête de la nuit dernière, les rafales de vent ont dépassé les 140 km/h (soit 75 nœuds). Pendant que certains préparent le dîner, on prend des images aériennes de ce petit paradis avec le drone de Jens.

Île de Sein

Réveil très matinal et brutal. La marée descend et le port à échouage de Sein ne nous laissera bientôt plus partir. Il n’est même pas 6h lorsqu’on allume notre « Volvo » pour partir en catimini. Le soleil n’a pas encore pointé le bout de son nez. La journée est particulièrement frustrante. On tire des bords « carrés » face au vent. On progresse à 4 nœuds à peine vers le Sud. Des dauphins joueurs viennent égayer notre matinée dans la baie d’Audierne. A 15h, Dragon Océan est enfin amarré à un coffre dans l’archipel des Glénan. Des centaines de voiliers (catamaran, laser, 5.70) de l’école de voile des Glénans s’agitent sur le plan d’eau. On débarque en annexe sur l’île de Saint-Nicolas pour une courte balade, interrompue par la pluie. Dans le seul café de l’île – le Boucané – nous assistons à la victoire de Wout Van Aert sur l’étape du Mont Ventoux au Tour de France.

Promenade avant la pluie sur Saint-Nicolas

Le réveil est plus doux que les autres jours. Pas de contraintes marée ou courant en Bretagne Sud… Le bonheur peut être simple parfois ! On prend notre temps pour se mettre en route et j’en profite pour donner un petit topo sur la navigation. Calculer la distance. Faire un point par trois relèvements. Utiliser des alignements. L’objectif du jour sera de ne pas utiliser le GPS. On largue notre coffre après avoir hissé la grand-voile. Comme à l’île de Batz plus tôt dans la semaine, on quittera notre mouillage sans utiliser le moteur. (bien qu’il sera en stand-by pour la manœuvre)

A peine partis de l’archipel, la beauté nous éclate aux visages. Alors que les bateaux IMOCA de Romain Attanasio (double finisseur du Vendée Globe) et Jean Le Cam (3e du dernier Vendée Globe, 5 participations) filent juste devant nous, des oiseaux et des dauphins s’agitent dans tous les sens. Les premiers plongent de haut et à plusieurs dans la mer, les deuxièmes sautent hors de l’eau. La scène dure une bonne dizaine de minutes. On devine le banc de sardines ou maquereaux qui tente d’échapper à leurs prédateurs.

Fortinet de Romain Attanasio qui croise un voilier de l’école des Glénans
Oiseaux qui plongent dans l’eau à la pêche

Les conditions idéales espérées pendant trois semaines se mettent enfin en place. Vent de 15 nœuds de Sud-ouest et grand soleil. On change nos plans et décidons d’allonger la foulée. On n’ira pas à Groix ou Lorient ce soir, mais lofons de 20 degrés direction Belle-Île. On file enfin à 7 nœuds en ligne droite vers le but.

Clap fin

J’ai promis à l’équipage un dernier émerveillement pour ce soir… et le port de Sauzon sur Belle-Île ne manque pas son effet. Les quais sont animés, les voiliers de passages nombreux, les terrasses bruyantes,… On en oublie de préparer notre manœuvre de prise de bouée (avant & arrière). L’avant-port qui reste en vives eaux étant plein de voilier, on s’enfonce dans le port à échouage (grâce à notre voilier dériveur intégral) en suivant le canot du maitre du port. On manque de se foirer totalement. L’Ovni 395 étant une vraie savonnette, je dérape sur l’eau avec le vent qui monte légèrement. Marche avant, marche arrière. Avant, Arrière. Gros coup de gaz. On resort de l’emplacement devant une dizaine de spectateurs sur les bateaux voisins. Heureusement pas d’égratinures. La deuxième sera la bonne.

Sauzon à Belle-Île

Epilogue

Tout termine comme cela a commencé. Au restaurant. A Sauzon. Au menu pour notre dernière soirée ensemble. Huîtres et Lotte au « Grain de Sel». Merci à tous !

Itinéraire de l’Aberwrac’h à Quiberon

Tréguier – Saint-Malo – Aberwrac’h [Bretagne 2021]

On entame cette deuxième semaine de navigation à Tréguier. Après un café sur la place du village , on part explorer le chantier naval du village. Des dizaines de bateaux sont sur leurs bers à attendre des meilleurs jours et retrouver l’eau. Je suis étonné de voir neuf Boréals entreposés. Ces bateaux en aluminium sont conçus pour explorer les pôles nord et sud. Avec les neuf Boréals vus dans le port de Tréguier, cela fait 18 boréals au total. C’est une belle réussite pour les deux Jean-François à l’origine du chantier. Mais un peu triste d’en voir autant attendre de faire de beaux voyages.

Boréals alignés chantier Tréguier
Port de Tréguier

Nous partons peu avant la marée basse en direction de l’archipel de Bréhat. Au lieu de contourner le phare des Héaux-de-Bréhat, nous empruntons des petits chenaux – La Gaine et la Moisie – qui servent de raccourci. J’empruntais ces mêmes chenaux il y a plus de 15 ans, sans gps. C’était une navigation risquée où il fallait tenir deux amers blancs avec marque noire (le chenal de la gaine) sur une même ligne (alignement), ou encore l´amer du Rosédo avec le clocher de La Chapelle Saint-Michel pour le chenal de la Moisie. La difficulté n’est plus la même avec un iPad qui sert de gps avec une belle cartographie.

A Bréhat, on prend un coffre (une bouée) dans la baie de la Corderie au Nord-Ouest de l’île. La majorité de l’équipage part se promener, à la découverte des jardins soignés et goûtant des fleurs de capucines. A notre retour, un festin nous attend. Gratin dauphinois, parmigiana et saucisses. Les saucisses et merguez auront été au menu pendant une semaine entière suite à une erreur d’appréciation au moment de l’avitaillement.

Jolie maison à Bréhat

Le lendemain, on finit mon quatuor favori de chenaux avec le Kerpont et la Trinité (+ Moisie et Gaine) jusqu’à Paimpol. Dans le port, on s’amarre sur les pontons des Glénans. Quelle nostalgie! C’est là que j’ai appris à naviguer il y a plus de 15 ans et que j’ai passé mes étés pendant 5 ans. Je suis vraiment ému. C’est idiot.

Pas le temps de traîner à bord. À 11h on s’installe sur la terrasse de « l’Époque » pour un premier café. Une journaliste du Télégramme nous prend en photo et 5 min plus tard nous sommes sur la page d’accueil du quotidien breton. La ville des Côtes d’Armor est en ébullition en ce dimanche matin, le Tour de France (cycliste) va y passer. Après des centaines de voitures publicitaires, un sandwich et quelques cafés à notre terrasse en première loge, les coureurs arrivent à fond. En quelques secondes ils défilent et tout le monde rentre à la maison.

Les belges à fond dans le Télégramme – Tour de France à Paimpol

Notre journée sportive n’est pas finie. Le soir, sur la terrasse de la Paillote, nous assistons au match de foot Belgique – Portugal (1-0).

Nous passons toute la journée en mer et à la voile entre Paimpol et Saint-Cast-le-Guildo. Un dauphin solitaire nous salue dans la baie de St Brieuc. Nouvelle soirée foot dans un restaurant France – Suisse (3-3 et élimination française aux pénaltys). La pluie ne nous rate pas en rentrant au port à pied.

Dragon océan

… déjà le dernier jour pour le premier équipage. En deux heures on couvre les 8 Milles nautiques jusqu’à Saint-Malo. On écluse pour accéder au bassin Vauban avec un Figaro 3 qui va participer à une course. Dragon Océan, notre voilier, est amarré au pied de la ville close.

Ovni 395 au pied de la ville close

L’après-midi on se balade sur les remparts puis jusqu’à l’île du Grand Bé, accessible à pied à marée basse et abritant la tombe de Chateaubriand. Le dîner est de toute grande classe. Le restaurant la Corderie offre une vue sur Dinard et sur le barrage de la Rance. Au menu: Spritz Breton, Huîtres, Lotte et dessert accompagné d’un Chardonnay. On finit la soirée à la Trinquette – yacht club repères des marins qui participent au Tour de Bretagne en Figaro 3. Ils s’élancent dans 2 jours et feront le même parcours que nous.

Sur la plage de Saint-Malo

Julien quitte de trop bonne heure le voilier et les filles – Maëlle, Fanny et Amandine – vers midi. Avec Stijn, on en profite pour faire une petite lessive au centre ville.

La journée continue avec des courses en chariot avec Jens et Aude qui viennent d’arriver. En moins de 30 minutes (!!), on trouve tout ce qu’il nous faut pour les 10 prochains jours. Au retour on longe une vingtaine de Figaro 3 qui participent à la course. Je reconnais quelques skippers connus (Tanguy Le Turquais, Alexis Loison, Nils Palmeri).

Figaro 3 à Saint-Malo pour le tour de Bretagne

On continue par une balade dans la cité Vauban et un apéro avec vue sur les chenaux de Saint Malo. Nos voisins de table sont victimes d’une attaque de goélands. Retour au bateau et dîner cabillaud à bord.

Coucher de soleil & apéro à Saint-Malo

Premier jour de navigation avec la nouvelle équipe. Stijn et moi n’avons pas beaucoup besoin de parler pour se comprendre et savoir ce qu’il faut faire.

Après le passage de l’écluse, on poireaute 30 min devant la station gasoil des Bas-Sablons car un couple de touristes prend tout son temps pour faire le plein de son pêche promenade. Les premières heures sont au moteur avant de profiter d’un bon 15 noeuds de vent. Dragon Océan file à 7 noeuds. La pluie s’invite.

On s’arrête à Bréhec pour récupérer Jérôme et Margot en annexe avant de finir la journée au moteur à Bréhat, au mouillage de la chambre. Notre voilier étant un dériveur intégral, on entre assez loin dans la crique avec notre petit tirant d’eau, tandis que de nombreux navires jettent l’ancre dans le Ferlas moins bien abrité.

Embarquement d’équipiers à Bréhec
La chambre à Brehat

Le matin, on fait tous une longue balade jusqu’à l’île nord. Au retour, nous croisons de nombreux touristes d’un jour fraîchement descendus de la vedette. On en profite pour acheter une nouvelle bonbonne de gaz.

Les dieux de la météo ne sont pas avec nous. C’est au moteur qu’on va jusqu’à Batz. On arrive relativement tard et filons au pub de l’île pour assister au match Italie Belgique (2-1). Les français ne manquent pas de nous chamailler.

En Bretagne Nord, il s’agit de toujours avancer avec le courant, qui est favorable pendant 6 heures avant d’être contraire les 6 heures d’après. En attendant la marée favorable, nous faisons un petit tour sur l’île de Batz. On part à la voile de notre mouillage dans le port de Batz (sans utiliser le moteur).

Notre ovni 395 – comme de nombreux dériveurs intégraux – a beaucoup de mal face au vent. On tire des bords carrés et le vent vient de où l’on doit aller. Les premières heures, nous ne progressons qu’à 2 noeuds vers notre but (au lieu de 5 ou 6…). L’arrivée à l’Aberwrac’h devient un chemin de croix. Le vent monte à 20-25 noeuds de face. Le courant s’inverse et devient défavorable. La mer se creuse. La nuit tombe. En plus, l’entrée de l’Aber (estuaire en breton) est périlleuse avec de nombreux cailloux. La moitié de l’équipage est HS pour cause de mal de mer.

Premier soulagement au moment de passer la bouée qui marque l’entrée du chenal. On peut enfin relâcher les écoutes et arrêter de faire du près. On démarre le moteur. Plus loin on affale les voiles et enfin on s’amarre à côté du canot orange et vert de la SNSM. Il est minuit. On n’a pas encore mangé mais on est heureux d’être arrivés.

Quiberon – Tréguier [Bretagne 2021]

Déjà une semaine que nous avons largué les amarres depuis Port Haliguen – Quiberon. La première journée, traditionnellement animée par les courses et le rangement dans le bateau, a continué de belle manière par le passage de la Teignouse et l’arrivée à Ster Wenn – crique idyllique au Nord de Belle-Île. Le meilleur devait encore venir. Après avoir grimpé en haut des falaises entourant notre crique, le papa de Maëlle nous emmenait jusqu’au ravissant port de Sauzon pour un dîner au Café de la Cale. Au menu : Spritz, Lotte et tarte aux pommes au cidre avec glace vanille.

Ster Wenn – Belle-Île
Sauzon – Belle-Île

Le deuxième jour, on remonte toute la Bretagne Sud jusqu’au Guilvinec, port de pêche avec un chenal d’accès balayé par la houle d’ouest. En route nous explosons malheureusement notre spinnaker qui sera bon pour la poubelle. Quelques instants plus tard, notre Dragon Océan croise plusieurs centaines (!!) de dauphins en chasse. On finit la journée sous la pluie battante dans un bar tabac pmu du Guilvinec.

Dauphins qui chassent

La troisième journée est un enchaînement de grands moments. D’abord, le passage du raz de sein, réputé pour son courant fort et sa mer agitée. Ensuite la baie sauvage de Douarnenez et enfin le goulet de Brest avant de s’arrêter à Camaret-Sur-Mer. Le trajet se fait au moteur qui bégaie. Des algues dans le gasoil perturbent l’alimentation. Maëlle, Amandine et Julien se baignent. En fin d’après-midi nous marchons sur les falaises de la presqu’île de Crozon. Les vestiges de bunkers allemands sont entourés de cratères, témoins des bombardements alliés. On finit la soirée dans un pub irlandais avec d’autres belges pour le match euro 2020 Belgique Finlande (2-0 Vermaelen et Lukaku).

Plage de Camaret-sur-Mer
Quai de Camaret

Pas de navigation en ce mardi. Nous marchons plus de 20 km sous le soleil autour de la Presqu’île de Crozon. Les falaises et les plages s’enchaînent. Nous suivons le GR34 et croisons beaucoup de marcheurs. Je passe une bonne partie de la journée au téléphone pour essayer de trouver un mécanicien pour notre moteur. Notre voisin de ponton à Camaret est tout sauf conciliant. Il nous traite tour à tour de menteur ou d’incompétent sans véritable raison si ce n’est qu’on est à côté de son bateau.

Plages presqu’île Crozon
Pré-Filtre à gasoil

Le mécano arrive à l’aube, et en une heure change le filtre et le pré-filtre à gasoil. Il ajoute un produit dans le réservoir pour dissoudre les algues. Problem solved ouf ! On part au près vers le chenal du four, étroit passage entre la terre ferme et les îles de Molène et Ouessant. Les courants y dépassent les 5 noeuds. On tire des bords au près jusqu’à la crique de Brignogan-plages. L’ovni 395 se pose gentiment sur la vase du port. Pour Fanny, nous allons au café du port voir France Portugal (2-2).

Ovni Dragon Océan à Brignogan-Plages
Photo prise à 23:30 sur Brignogan-plages avec la lune en fond

Réveil à 6h pour Stijn, Julien et moi. On souhaite passer la journée à l’île de Batz qui n’est qu’à 14 MN et le courant n’est favorable (2-3 kts) que jusqu’à 8h. Le lever du soleil sur la mer calme est grandiose. Le reste de l’équipage émerge alors que nous sommes amarrés à un coffre dans le port de Batz. Après une belle promenade sur cette île de fermiers, nous mangeons des moules au café du port. Pour retourner au bateau, on patauge dans la vase contre la marée montante à vitesse v-v prime. Stijn finit à la nage pour nous récupérer avec l’annexe.

Dragon Océan dans le port de Batz

Alors que la marée continue de monter, on navigue au milieu des cailloux de la baie de Morlaix jusqu’à Ploumanac’h sur la côte de granit rose, haut lieu touristique de la Bretagne Nord. Les visiteurs viennent admirer les roches rosées et arrondies sur les sentiers du bord de mer. Maëlle, Amandine et Julien finissent la journée par une petite nage tandis qu’on prend l’apéro au soleil sur un caillou rose.

Apéro à Ploumanac’h

Vendredi matin, deuxième demi-journée de pluie depuis le départ. Nous abrégeons notre balade pour nous réfugier un café allongé dans un bar tabac. Vers 16h, on se met en route pour Tréguier. Le vent est mollasson mais suffisant. Un épais brouillard nous empêche de voir à plus de 1 MN. La brume se dissipe en remontant la rivière du Jaudy. Véritable madeleine de Proust pour moi. C’est un trajet que j’ai probablement fait plus d’une vingtaine de fois alors que je naviguais au départ de Paimpol l’été. Le long des berges de la rivière, les champs de blé et les prairies tombent dans l’eau. L’instant est parfait pour commencer la soirée. Le village de Tréguier n’a pas changé en 20 ans. Au centre du patelin, la cathédrale Saint-Tugdual est toujours aussi impressionnante.

Notre ovni 395 à Tréguier au milieu des Boréals du chantier juste à côté
Remontée du Jaudy vers Tréguier
Cathédrale Saint-Tugdual à Tréguier

Nieuwpoort – Kristiansand – Navigation de Belgique vers la Norvège

(publication du récit d’une navigation juin 2019)

Cette semaine, nous convoyons Urga – un Etap 39 – depuis la Belgique vers la Norvège. On a prévu 7 jours (avec de la marge) pour faire presque 500 milles nautiques (= 900 km). L’équipage consiste de 5 gaillard – Miguel Stijn Livio Louis et Saad.

Un faux contact dans le relais électrique pour les instruments de navigation occupe nos premières heures à bord de Urga en ce vendredi après-midi. Stijn prend le problème à bras le corps et en profite pour programmer l’AIS avec son ordinateur. Nous venions de recevoir les identifiants. L’électricien qui « n’avait pas le temps » de venir a du mal à croire que Stijn ait réussi à programmer l’AIS.

Stijn reprogramme l’AIS

Samedi matin, après avoir par hasard découvert l’origine du faux contact, nous larguons les amarres à l’heure prévue – 11 heures. Les parents de Stijn sont là pour nous saluer. On commence par 6 heures de moteur, agrémentées par le passage de dauphins et un bon premier repas de pâtes. Tout le monde prend ses marques à bord et seul le vent manque. A hauteur du Thornton bank, nous coupons un peu trop une nouvelle zone d’éoliennes en construction et nous nous faisons arraisonner par un navire en charge de la surveillance de la zone. Heureusement ils sont sympas et nous obligent juste à faire un détour.

Vers 17h, Louis l’intrépide du bord, décide de faire une petite baignade. Nous commençons également à progresser à la voile avec un petit vent du sud de 2 beaufort. Notre premier apéro tous ensemble est majestueux. Le soleil est haut et nous sommes entourés de navires marchands en route vers Rotterdam.

La nuit est très courte – mois de juin oblige – mais intense. Le vent est capricieux car trop mollasson et mal orienté (plein vent arrière). Le traffic maritime à hauteur des ports de Rotterdam et Amsterdam est impressionnant. Des cargos s’entrecroisent dans tous les sens et nous nous sommes au milieu sur notre coque de noix. Les premières plateformes de gaz sont déjà visibles à peine au nord de Rotterdam.

Stijn à la table à carte

Vingt-quatre heures après notre départ, nous avons effectué 125 MN sur les 460 MN qui nous séparent de Kristiansand. Cette première nuit m’a rassuré sur le sérieux et les capacités de l’équipage. Stijn est un second extrêmement fiable, il barre bien, comprend la lecture de carte et l’utilisation des instruments de nav. Saad, Livio et Louis se débrouillent plus ou moins bien à la barre mais surtout sont autonomes à bord.

Étant le plus résistant au mal de mer dans la cabine (et le meilleur cuisinier ? 🙂 ), je m’occupe de la préparation de tous les repas de la semaine. Au menu du soir, couscous à la belge.

La deuxième nuit, le spectacle est à nouveau grandiose. Au nord, le soleil refuse déjà de se coucher, tandis que son opposé la lune est pleine, brillante et bienveillante. Telle un phare dans notre dos, elle nous illumine le chemin à suivre. La Norvège se trouve à 240 MN au nord. Le ciel est dégagé, la mer s’agite, le vent souffle fort (25 noeuds) du sud. Urga danse sur les vagues comme un funambule. On empanne a hauteur de l’île de néerlandaise de Vlieland. Cap toujours vers le nord.

De l’intérieur de la cabine, on peine à réaliser l’agitation extérieure. Après avoir rangé toute la vaisselle brinquebalante dans les armoires, je dors enfin plus de 2 heures d’affilée pour la première fois depuis le départ. Livio m’apprend à réussir un rubik’s cube. Ce sera mon challenge jusqu’à la fin de la semaine.

Troisième journée de mer et le vent continue de souffler à 20-25 nœuds de SSW. Le ciel est bleu et la mer couverte d’embruns. Ce sont des conditions idéales pour naviguer. Urga progresse à 7-8 nœuds sous grand-voile haute et génois. Nous croisons nettement moins de plateformes ou de navires. Les côtes danoises à 80 MN dans l’est sont particulièrement inhospitalières et j’évite de m’en rapprocher plus.

Plateforme gazière en Mer du Nord

Le pauvre Louis n’arrive pas à se débarrasser de son mal de mer. Il passe sa journée et sa nuit allongé à l’intérieur. C’est tout un cinéma quand il se lève et qu’on lui amène un peu à manger. Heureusement, Saad et Livio gèrent et arrivent à barrer Urga dans des conditions peu évidentes. Les vagues déferlantes arrivant par l’arrière, il faut sans cesse contrer la force de la vague contre le safran.

En deux jours (48 heures) depuis notre départ, nous avons parcouru 271 MN et ils nous en reste 189 MN jusqu’au sud de la Norvège. L’heure d’arrivée, initialement estimée à mercredi fin de journée, sera probablement dans la nuit (qui n’en est pas une) de mardi à mercredi.

J’ai rarement eu un équipage aussi compliqué au niveau alimentaire. L’un n’aime pas les champignons, l’autre les petits pois, le troisième les carottes ou les oignons. Bref, le cambusier a du boulot.

Le vent tombe vers 23h00. Le léger souffle qu’il reste permet d’évoluer à 4,5 noeuds sur la route direct. Louis enchaine les siestes, il a dormi 16 heures sur les 24 dernières heures.

A 4h30, lasse d’avancer à 3 noeuds dans la mauvaise direction pour faute de vent, nous allumons le moteur. Il reste 100 MN jusqu’à Kristiansand. A 10h, il ne nous reste plus que 57 MN jusqu’au mouillage pour ce soir. Le soleil est de plomb et la mer soudainement d’huile. On teste le drone de Stijn en navigation. Les images sont belles mais nous n’anticipons pas comment le récupérer. Des systèmes anti collisions l’empêche de se rapprocher du voilier. Tant bien que mal, j’arrive à l’attraper en vol sans me couper les doigts.

En fin d’après-midi, nous éteignons le moteur et continuons à la voile. Nous atterrissons dans un petit mouillage idyllique à 20 MN de Kristiansand. Je dois m’y reprendre 2 fois pour bien mettre le mouillage et frapper l’amarre à terre. Au moment de remonter l’ancre la première fois, le moteur cale. Panne sèche ? En hâte nous déversons les 20L du bidon de réserve dans le réservoir.

Nous allons tous à terre en annexe et spontanément on s’embrasse tous. On est fier de ce que nous venons d’accomplir. 460 MN depuis la Belgique sur la route direct avalés en 3 jours et 10 heures. On a négocié des passages délicats et navigué au grand largue pendant toute la traversée. Louis passe la nuit à terre à la belle étoile mais le regrettera. Des milliers de moustiques viennent le réveiller.

Premier mouillage en Norvège

Mercredi, nous allons à Mandal, petite ville de 15.000 âmes qui a la particularité d’être la plus sud du pays. Comme souvent après une longue période en mer, on ne fait pas grand chose dans la ville. Fast food – café. La ville est toute proprette mais pas très fun. En plus il pleut.

Mandall – Norway

Le lendemain on zigzague entre de nombreux îlots. Louis pêche une truite mais la rejette aussitôt à la mer. Stijn joue avec son drone. Livio explore la baie en annexe. On passe la nuit amarré à un ponton avant de rallier Kristiansand.

Ponton comme il en existe des miliers en Norvège

Un magnifique parc avec des beaux lacs surplombe la ville. On s’y baigne. La ville est en ébullition (pour des norvégiens c’est-à-dire un rien animée) et profite de ces journées d’été. Il y a un grand concert sur la place centrale. La star du soir est Wyclef Jean (ex- Fugees).

l’équipage arrivé en Norvège

Livio continue son périple en stop vers Stavanger. On rejoint l’aéroport de Kristiansand en Tesla X. On annonce des perturbations à Oslo où nous devons prendre une correspondance. Notre vol vers la Belgique est annulé et nous passons la journée à Oslo au frais de la compagnie aérienne… j’aurai de la chance d’avoir une place tôt le lundi matin tandis que certains devront attendre le lundi soir pour rentrer chez eux.

Ijsselmeer & Waddeneilanden – croisière familiale

C’est souvent paradoxal. On connait mieux les villes (ou les mers) loin de chez soi que celles tout près. C’est ainsi qu’en plus de 15 ans de navigation, je n’avais jamais mis les pieds sur ces petites îles basses au Nord des Pays-Bas, les Waddeneilanden (aussi appelées les îles de Frise).

St Helena – bavaria 45

C’est avec la (belle-)famille que nous embarquons à Lemmer sur un Bavaria 45 de location. Il est spacieux et confortable à l’intérieur, idéal pour le « WAF » (Woman Acceptance Factor) mais lourd et peu marinisé. La grand-voile sur enrouleur m’embête déjà. La météo tout au long des 3 jours de ce week-end pascal est excellente, grand soleil et une quinzaine de nœuds de vent. Que demander de plus ?

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Carte des Waddeneilanden (Îles de Frise)

Notre voilier St Helena (en référence à l’Anticyclone St-Hélène en Atlantique Sud) avance au moteur pour les 30 premiers milles de notre périple, entre Lemmer et le Lorentzsluis. Cette double écluse nous permet de quitter l’Ijsselmeer (où il n’y a pas de marée) pour rejoindre la Waddenzee. Bien que la marée y est relativement faible (2 mètres de marnage), les courants sont forts (3 nœuds) et les chenaux très étroits. Pour compliquer le tout, le trafic est intense, il y a de très nombreux voiliers, mais aussi des vedettes et autres ferrys reliant les îles au continent.

Extrait Navionics pour le Waddenzee entre Harlingen et Vlieland
Extrait Navionics pour le Waddenzee entre Harlingen et Vlieland

Ces trois heures au moteur, alors que le vent est encore mollasson, me donnent l’occasion de faire un petit briefing sécurité. Hormis – la femme du capitaine – Mano, l’équipage a peu d’expérience de la navigation en voilier de croisière. La difficulté est toujours de garder le curseur sécurité assez haut. Les principaux risques sont la collision (avec un autre bateau), le talonnage ou l’ensablement (si la profondeur est insuffisante), l’accident domestique (brûlure à la cuisine, chute sur le pont, brûlure en maniant les cordages) et les manœuvres d’accostage (écluse, port). Les risques d’homme à la mer, de voie d’eau ou d’incendie sont moins probables et pas aussi dramatiques car nous sommes en permanence à moins de 5 MN de la terre. Un appel GSM sur le 112 et on sera rapidement aidé.

Heureusement, le vent ESE se lève pour la deuxième partie de cette longue journée de navigation (50 MN). Nous remontons d’abord du Lorentzsluis vers Harlingen, puis longeons le Pollendam (en restant entre les bouées vertes et jaunes). Gab est à la barre de St Helena et le fort courant traversier nous oblige à avancer en crabe. On tire enfin des bords dans le West-Meep avant de prendre le Slenk jusqu’à Dellewal sur l’île de Terschelling. Le port est bien rempli. Il y a une vingtaine de vieux gréements typiquement hollandais dans l’avant-port. Ils emmènent les touristes à la journée dans le Waddenzee. Le Bavaria 45 est difficile à manœuvrer avec son haut fardage de prise au vent.

On commence la deuxième journée par une grande balade à vélo sur l’île de Terschelling. Ensuite, St Helena nous emmène jusqu’à l’île voisine de Vlieland distant de quelques milles seulement mais nécessitant une navigation précise entre les bancs de sables. Le port de Vlieland est animé et l’ambiance à la fête.

Au retour vers Lemmer, notre port de départ. Nous nous faisons une belle frayeur en passant trop près d’une bouée cardinale tribord. On finit le week-end par une belle manoeuvre de port. Plus qu’à rouler 3 heures jusqu’à la maison.

Sporades (Grèce) – paradis caché de la voile

C’est au près et sous un ciel gris que nous parcourons les premiers milles à bord de Alkinoï, un Sun Odyssey 39 loué pour deux semaines au départ de Volos. Nous sommes arrivés la veille dans cette ville sans charme particulier, située à mi-chemin entre Athènes et Thessalonique. Les touristes y sont rares car ils vont directement sur la populaire Skiathos. L’ambiance dans la ville et sur le long quai du port y est donc plus agréable.

Il y a une vingtaine de nœuds de vent (5-6 beaufort) et le voilier gîte malgré les tours dans la grande voile et le foc de petite taille. Le Golfe de Volos offre un espace abrité mais avec un vent fortement influencé par le relief. Après deux heures, le vent tourne progressivement, on choque les écoutes, on abat,…

J’en profite pour faire des exercices de HLM (homme à la mer) en jetant à l’eau un seau et un pare-battage par dessus bord. Je drille l’équipage aux quelques réflexes à avoir en cas de chute d’un équipier par dessus bord. C’est pendant les premières secondes que tout se joue. On crie pour prévenir tout le monde. Une personne est désignée pointeur, elle ne doit pas quitter le HLM des yeux. Une autre enroule le génois. Une troisième borde la grand voile puis s’active pour préparer la remontée du HLM à bord (le seau et le pare-battage). Enfin je gère la manœuvre à la barre et démarre le moteur. Si je tombe à l’eau, Mano occupera ce rôle. Nous faisons deux fois l’exercice, nous y parvenons en moins de 3 minutes, ce qui évite de paniquer au cas où…

Première et unique tempête

Afin d’éviter la tempête qui s’annonce pour l’après-midi et la soirée, nous nous arrêtons à Trikeri, petit port à la sortie du golfe de  Volos. Nous serons trois voiliers amarrés ici pour les 24 prochaines heures. Le lieu est très isolé et les quatre restaurants font le plein à midi mais c’est carrément désert le soir. Devant notre bateau, le plus grand restaurant. Les serveurs viennent vider les poissons juste devant nous et jettent les intestins à la mer. Après le service de midi, on y va pour prendre un café « frappé » (#3 des vacances déjà) et on tire un câble électrique pour avoir l’électricité à bord.

Pendant que l’équipage siestouille, je monte jusqu’au « vrai » village de Trikeri, situé 300 m plus haut, une petite heure de marche. Dès qu’on est abrité du vent, le mercure monte au delà des trente degrés. La vue est sublime, on a l’impression de voir des fjords norvégiens… je suis surpris par le peu de bateaux. À mon retour, tout le monde dort encore… une fois réveillés, on entame la soirée.. baignade, apéro, … puis dîner au restaurant devant notre bateau. La météo est devenue exécrable et il pleut comme un 21 juillet.

Après une matinée de glande relative à cause de la météo pourrie, nous déroulons les voiles pour rejoindre l’île de Skiathos. La navigation est particulièrement agréable avec un vent soutenu mais une mer calme. Le décor est majestueux, des montagnes qui tombent dans la mer, on se croirait presque seul au monde. Contrairement aux Cyclades ou au Kornati (Croatie) qui sont arides, les îles des Sporades sont majoritairement boisées. On jette l’ancre devant la plage de Koukounias. Pierre et Arnaud nagent jusqu’à la grande plage déserte à cause du mauvais temps. Vous devinez la suite, – apéro – dîner à bord… on passe une très mauvaise nuit à cause d’un minuscule clapot qui fait rouler le voilier et cause un bruit infernal à bord. Au milieu de la nuit, on se retrouve même avec Pierre et Louis sur le pont pour essayer de réduire les bruits intempestifs.

C’est donc avec une tête des mauvais jours que nous partons pour Skiathos – la ville. Tout l’équipage retourne faire la sieste pendant les deux heures de nav. À nouveau, le vent est bien présent et nous n’utilisons pas le moteur. Arnaud barre et on tire des bords à l’approche de Skiathos. Le mouillage est bien abrité et chargé. L’eau est turquoise et on pourrait presque se croire au Marin en Martinique. Sauf que… des avions de ligne nous survolent à 50 mètres d’altitude et se posent 2 km plus loin. Des ferrys vont dans tous les sens. Des bars et des discothèques, et les milliers de touristes (anglais) qui vont avec envoient du son. La petite ville de Skiathos a beaucoup de charme, on monte jusqu’au clocher qui surplombe l’agitation.

On navigue encore quelques heures jusqu’à Skopleos. On y amarre dans un petit port  – Neo Klima – trouvé un peu par hasard. Le port y est de nouveau gratuit, il y a une plage à moins de 50 m avec une douche … oui une douche… eau douce à volonté pour se laver… 🙂 ! A côté de nous, des retraités français qui naviguent sur leur voilier en Grèce 6 mois par an. Ils accueillent leurs petits enfants cette semaine.

Skopelos

Après le repas du soir, on joue « comme d’hab » à « Président »… Jeu débile mais révélateur de caractère… Je déplore cependant la mise en place de « l’alliance tous contre le capitaine… »

3 visiteurs à bord pour une journée farniente

Journée inhabituelle. En plus de faire la vaisselle du lendemain de la veille, les hommes du bord ont également récuré le pont avant l’arrivée de trois amies anglaises à bord pour la journée. Elles débarquent équipée de 4 bouteilles de Prosecco qu’elles siroteront tout au long de la journée. Nous naviguons sous le vent de Skopelos et hormis les 2 premières heures, c’est plutôt calme. A midi on s’arrête à Staphylos, petite crique bien bondée… Baignade bien rafraîchissante puis lunch… ! Pierre a transpiré de toutes ses pores à l’intérieur en cuisinant.

Devant tant d’hospitalité, nos trois anglaises se proposent de faire la vaisselle. Après quelques explications comme, la vaisselle c’est dans un seau à l’eau de mer, elles se mettent à la tache avec bonne humeur… jusqu’à ce que le petit drame arrive. Venetia casse un verre maladroitement… Evénement récurrent sur un voilier, elle est tellement désolée qu’elle paiera une tournée pour s’excuser le soir 🙂 ! (notons… 3 ans plus tard, Venetia épousera Arnaud 😉 )

On finit la journée au moteur pour rejoindre la belle ville de Skopelos. De même envergure que Skiathos, elle est beaucoup plus calme. On dînera au resto puis on prend un verre dans un super bar de la vieille ville.

Alonnisos la méconnue

Plus on s’éloigne du continent ou de Skiathos, plus cela devient sauvage. En cette journée de pétole molle (=pas de vent), nous ne parcourrons que quelques milles jusqu’à Nisos Alonnisos (l’île Alonnisos). Autant l’île se révèle charmante, autant le maître du port devra réviser ses cours de politesse. Il nous accueille à grand engueulade pour raison inconnue, puis nous fait payer (pour la première fois du séjour) un montant mirifique de 5€ pour la place port…! Quand je pense à nos amis à la Côte d’Azur ou en Croatie qui paient 30-40 voire même 100 € la nuit…

Nous nous levons de bonne heure après une nuit paisible. Petit dej dans un tout nouveau snack bar qui n’a jamais eu 6 commandes à la fois… On loue des quads pour la journée et explorons l’île par la terre et non par la mer. Le routes sont bonnes et les voitures rares, ce qui rend le périples vraiment top. Notre premier arrêt est au village médiéval au sommet de la colline, où un défi d’homme forcera Pierre à manger une mante-religieuse et Louis à boire de l’ouzzo … à 10h du mat… On poursuit la route jusqu’à une petite plage calme, eau turquoise, soleil brûlant… vous imaginez le truc 🙂 ! On pousse ensuite nos quadricycles jusqu’à la pointe nord de l’île où la seule âme qui vive sert des poissons frits préparés dans sa roulotte.

On passe la nuit à quelques milles du port d’Alonnisos au mouillage. En route pour la réserve naturelle de Kira Panagia, on fait escale sur l’île inhabitée de Peristera. Arnaud et Pierre envisagent une balade à pied sur l’île. Hélas, Pierre ne résiste à l’envie de se piquer à un oursin et leur balade est annulée… c’est au moteur qu’on finit la route jusqu’à Kira Panagia. Il y a beaucoup de voiliers dans la grande crique à l’ouest ainsi que quelques pêcheurs. Pendant que Mano & Roxane profite du soleil et de l’eau crystalline, les garçons tentent de traverser l’île à pied jusqu’à un monastère. On croise des chèvres sauvages et une tortue de terre, avant d’abandonner à cause de la chaleur et l’absence de chemin.

Nous avons atteint le point le plus lointain de notre port de départ – Volos. Le jour suivant, nous commençons par le tour de l’île à la voile pour aller voir ce fameux monastère. Nous jetons l’ancre dans une petite crique sous la chaleur écrasante. Le monastère est très bien entretenu et clairement habité, mais nous ne voyons personne. A notre retour, nous abordons un petit pêcheur qui fait sa sieste dans sa barque. Il a quelques langoustes à nous proposer… et souhaite en échange une bière fraîche !! Ni une ni deux, 3 bières valent 3 langoustes ! La fin de journée est longue, nous naviguons vers Alonnisos.

Le lendemain, c’est retour sur Skopelos. Pendant la sieste de l’aprèm dans la crique de Agontas, je me fais piquer par un guêpe… Cela va gonfler rapidement et me poursuivre pendant une semaine. Le bateau voisin est un Outremer 45 (bateau préféré du capitaine), dont le propriétaire se baigne à poil. Nous passons la nuit dans la baie de Panormos, à l’écart d’une énorme armada de voiliers (yacht week?). Pierre et Arnaud – épris de liberté – vont explorer les bars du coin et reviendront tant bien que mal en annexe…

Skiathos la branchée

… ce n’est que l’échauffement car la pire/meilleure nuit doit encore venir. De retour à Skiathos, nous mouillons à quelques centaines de mètres des bars branchés de la ville et pas loin de l’aéroport… Grave erreur… Il sera impossible de fermer l’œil de la nuit car les « beats » ne s’arrêteront qu’après le lever du soleil. Pour couronner le tout, le vent se lève, les bateaux bougent dans tous les sens et on est coincé sans annexe (zodiac) à bord… Car les 2 comparses ne sont toujours pas de retour…

La journée sera longue mais heureusement agrémentée d’un bon vent et de dauphins. Nous rentrons dans les terres et passons la nuit dans le port de Oraioi (je n’ai pas inventé le nom). C’est nettement moins touristique… après 15 min de calcul avisé, le maître de port nous réclame 4,27€ de ‘droit de port’. La bourgade est authentique et j’en profite pour faire un passage à la pharmacie.

Pour notre avant dernier jour, nous retournons dans le golfe de Volos et la chance nous sourit ! Après le traditionnel arrêt pour un café glacé, nous jetons une énième fois notre ligne de traîne à l’eau… qui sait… et bien oui ! Alors que nous sommes presque arrivés, un magnifique thon se jette sur l’appât… On le dégustera sous toutes les formes, cru, cuit, mi-cuit, tartare, …

Le retour à Volos se passe sans soucis. On passe le début d’après-midi en ville avant de prendre un vol direct TUI vers Bruxelles.

Pourquoi on a adoré les Sporades à la voile

  1. C’est magnifique, les montagnes qui tombent dans la mer, c’est boisé et vert contrairement à d’autres régions (Kornati, Cyclades) qui peuvent être très arides
  2. Les Grecs sont très accueillants, contents de nous voir
  3. C’est relativement calme, il n’y a pas de milliers de touristes, on ne se bouscule pas dans les ports, seule exception peut-être Skiathos
  4. Le plan d’eau est facile, il est abrité protégeant de la houle, il y a peu de courant, les étapes sont courtes, et pas de pièges ou cailloux à éviter

Les Sporades (extrait Navionics)

Nieuwpoort Londres en voilier pendant le weekend de l’Ascension

Ce weekend de l’Ascension était l’occasion pour nous de refaire une traversée sur Londres au départ de Nieuwpoort. La dernière fois que nous sommes allés à Londres datait déjà d’avril 2012 ! Nous nous retrouvons donc mercredi soir au VVW à bord de Oceanlord. Un Sun Odyssey 509 relativement récent et le bateau amiral du loueur Westcoastsailing.

 

Jeudi 25 – Traversée de Nieuwpoort à Queenborough/Sheerness

Nous partons de bonne heure jeudi matin. La marée est basse à Nieuwpoort et je sens que le bateau passe tout juste avec ses 2,20 m de tirant d’eau. Le vent s’annonce très calme pour ces 4 jours, et les premières heures se passent au moteur car le bateau n’avance pas même lorsqu’il y a 10 nœuds de vent. Fort heureusement, les occupations en mer ne manquent pas. Nous croisons d’abord la route d’une cinquantaine de voiliers participant à la course Oostende Ramsgate. Leur spis colorés hissés tapissent l’horizon et offrent un spectacle majestueux.

Course voiliers Oostende Ramsgate

Régate Oostende Ramsgate

Charline réclame des dauphins et à l’approche des falaises de Margate et du premier parc éolien anglais, nous apercevons à une centaine de mètres 2 puis 5 dauphins (ou marsouins).  Je ne manque pas d’insister que l’équipage est « very very lucky ».  Quelques instants plus tard, nous faisons route de collision avec un chalutier français venant de Boulogne-sur-Mer. Ni une ni deux, nous décidons de nous approcher et de lui demander à la vhf si on peut lui acheter du poisson frais

  • Vincent pour Oceanlord : Bonjour, est-ce qu’en tant que confrères marins, nous pourrions vous acheter du poisson frais ?
  • Chalutier Saint-François : Bonjour Oceanlord, Qu’est-ce que vous souhaitez ?
  • Oceanlord : Peu importe, du poisson frais… !
  • Saint-François : Approchez-vous, on va voir ce qu’on a sur le pont

Quelques instants plus tard, nous faisons courses à 3 m du Saint-François (le nom a été modifié pour des raisons de confidentialité). Les 5 marins du chalutier nous observent avec un drôle de regard puis nous jette un sac plastique rempli de poissons, quatorze bars ! Wahou, délire total à bord, l’Oceanlord s’enflamme. Nous remercions le Saint-François et après quelques selfies poissons, les marins du bord mettent une vraie chaine de production en place avec différents ateliers : assommer les poissons, les vider et couper la tête, lever les filets, les écailler, les faire griller dans la poêle puis préparer l’accompagnement légumes et riz.

Pendant ce temps, Julien plongeait dans la mer pour se rafraichir et Pierre mettait les têtes des poissons sur ses orteils. Nous remontons l’estuaire de la Tamise, qui compte pas moins de 4 champs d’éoliennes distincts, et passons à côté des fameuses Red Sand Towers. Ces tours construites pendant la Seconde Guerre mondiale servaient de défense anti-aérienne contre les bombardiers allemands qui remontaient l’estuaire.

Quel gaillard !

Quel gaillard !

 

On arrive la nuit tombante au mouillage de Queenborough. La prise de pendille est merveilleusement ratée. D’abord Pierre et Thomas prennent la bouée puis lâchent l’aussière passée dans l’anneau… Ensuite à l’arrière, François lâche la gaffe pour attraper la bouée à l’arrière. S’en suit un premier plongeon à l’eau pour récupérer la gaffe. Ce premier plongeur sera rejoint par un second… Tout cela alors que le courant dépasse probablement les 2 nœuds…

Vendredi 26 – Queenborough / Sheerness à Londres Limehouse Basin

Départ matinal pour la remontée de la Tamise. Tout le monde est rapidement sur le pont pour prendre le petit déjeuner. Nous faisons enfin quelques heures à la voile, et finissons ensuite les deniers lacets de la Tamise au moteur. Une patrouille en zodiac nous rejoint et un policier monte à bord pour vérifier que nous sommes des gens raisonnables.

Oceanlord passe par la Thames Barrier – ces portes servant à protéger Londres d’inondation en cas de forte marée. Ensuite Canary Wharf, et le musée de Greenwich – le méridien zéro. On arrive vers 13h au Limehouse basin, une des trois marinas de Londres. Cette marina n’est pas la plus sexy et un rien excentrée, mais offre un certain folklore. Des dizaines de personnes y vivent à l’année à bord de péniches.

Après une rapide douche, nous partons en balade dans la ville. On longe la Tamise jusqu’à la Tour de Londres et le London Bridge. Avant d’enchainer (gentiment) les terrasses qui sont bondées de fêtes « afterwork ». C’est vendredi après-midi, il fait beau, les anglais mais aussi énormément de travailleurs étrangers enchainent pinte de bière et apérol spritz au soleil, le mercure atteint les 28°C !

L’équipage du Oceanlord se retrouve ensuite à Shoreditch, quartier branché du centre de Londres. Giulia, une ancienne stagiaire Glénans de 2008 en Irlande, nous y rejoint. Burger, pinte,… Même les plus fervents fêtards du bord rentrent bien tôt à la marina pour faire dodo.

Samedi 27 & dimanche 28 – Londres Limehouse Basin à Nieuwpoort

Samedi matin, l’équipage se divise en petits groupes pour continuer à explorer Londres. Julien et Pierre se chargent de faire le plein de gasoil, pendant que d’autres explorent Greenwich. Avec Mano et François, on se ballade devant Westminster, Big Ben, Buckingham, où on voit la Garde Royale à cheval, et ensuite Hyde Park. Au retour Picaddily, Trafalgar et Covent Garden. La ville bouillonne de badauds et touristes, et dégage une énergie folle. Elle nous impressionne aussi par son histoire qui jaillit à chaque coin de rue.

A 16h (heure anglaise), nous larguons les amarres et passons l’écluse pour sortir de la marina. Nous hissons très rapidement la voile alors que nous sommes encore dans Londres. Alors que le vent monte gentiment et que quelques rafales apparaissent, notre voilier devient incontrôlable, il part au lof. Ce comportement est vraiment anormal et je soupçonne que quelque chose soit pris dans le safran. Alors que je mets le bateau à la cape (=à l’arrêt), Julien, notre plongeur, retourne faire un tour dans l’eau pour vérifier le safran. Rien d’anormal sur le safran mais par contre la coque est couverte de petits coquillages. Cela explique instantanément les nombreux doutes que j’avais déjà exprimés… Ce bateau n’avance pas et même au moteur à 2000 RPM, a du mal à dépasser les 5 nœuds. Cela fout ma journée en l’air et me plombe le moral… On paie un bateau bien cher et on se retrouve avec un veau couvert de coquillages…

On se traine à la sortie de la Tamise mais on apprécie le coucher de soleil en mangeant des lasagnes réchauffées au four. Alors que la nuit est tombée, Oceanlord se retrouve contre-courant dans une passe peu profonde au sud de l’estuaire. On longe ensuite les falaises de Margate pendant que François, Vincent, Charline et Vero s’essaient aux joies de barrer un voilier. Le tout sous l’œil vigilant de Mano.

On rallume le moteur au début du second quart de la nuit, et le soleil fait rapidement de nouveau son apparition. Thomas gère le quart et laisse le capitaine dormir sur ses deux oreilles. A l’approche des côtes belges, le vent reprend et tourne Nord. Arnaud nous prépare des pâtes au brocoli.

Le weekend se termine en passant le chenal de Nieuwpoort à la voile. Un tout grand merci aux équipiers du weekend, tous ont été vaillants à terre comme en mer.

Marin du weekend – récompenses individuelles !

Pour le fun, voici les 2 distinctions que je voulais décerner à la fin du weekend.

Meilleur novice : Entre en compte dans cette catégorie, les marins pour qui ce fut leur première navigation. Après concertation, le jury n’a pu départager 2 candidats qui se sont révélés précieux pour la vie à bord et précis lorsqu’ils ont barré le navire, nous nommons François et Vincent.

Espoir masculin de l’année : Il n’y a pas eu photo dans cette catégorie. C’est sans appel que le jury a désigné « Tom le bâtisseur » comme futur star de la voile. Le jury souhaite récompenser un état d’esprit irréprochable, une grande curiosité intellectuelle, ainsi qu’une rapidité impressionnante à assimiler de nouveaux éléments. L’élément déterminant, Thomas a su gagner la confiance du capitaine très rapidement, s’élevant au rang de chef de quart.

Bilan

  • Londres est une ville merveilleuse, pleine de vitalité, et chargée d’histoire
  • Le mal de mer n’est pas une fatalité, nous n’avons eu aucun malade à l’aller ni au retour, c’est avant tout un état psychologique qu’il faut avoir !
  • Un voilier de 50 pieds c’est beau, mais il est recouvert de coquillages cela n’avance pas à la voile ni au moteur. Tout le weekend on s’est fait « tracer » par des voiliers plus petits et plus légers.
  • L’aller-retour à Londres en 4 jours c’est plutôt chaud, il faut compter 24 heures de nav aller et autant au retour

 

Nouvelle marina à Cadzand

Nous avons découvert la nouvelle marina de Cadzand-bad située en Hollande, juste passée la frontière avec la Belgique. Pour les plaisanciers, cela offre une nouvelle alternative entre Zeebrugge et Breskens ou Vlissingen, à l’embouchure de l’Escaut.

 

 

La marina est accessible à toute heure de la marée (quoique à marée basse avec beaucoup de houle je ferais attention à l’entrée). Les pannes sont bien larges et les catways stables, ce qui rend les manœuvres agréables. On peut regretter le peu d’espace à l’entrée de la marina, c’est trop étroit pour manœuvrer, envoyer la grand voile ou ranger les pare-battes.

Les cartes marines (et google earth) n’étant pas encore à jour, le mieux est d’utiliser la web app de navionics pour repérer l’entrée du port

https://webapp.navionics.com/#boating/search@14&key=%7B_rxHepsS

Les sanitaires sont tout neufs et tout propres, j’apprécie particulièrement les douches spacieuse. le tout est dans un nouveau bâtiment au look très moderne. A l’étage, un resto bar que nous n’avons pas testé mais qui offre une vue imprenable sur les cargos qui remontent ou sortent de l’Escaut.

La marina est plutôt chère – 43 EUR pour 7 personnes (24 EUR + 8 EUR taxe de séjour + 10 EUR pour une carte d’accès aux sanitaires + électricité). On est obligé d’acheter cette carte, même quand on ne passe qu’une nuit dans le port. Vraiment dommage.

Dans les environs (<1 km), une magnifique plage avec la vue sur les cargos et sur Knokke (Belgique), quelques restos, un supermarché….

 

entree marina cadzand

Entrée marina Cadzand (screenshot Navionics)

Conseils pour éviter le mal de mer

Dans cet article j’explique comment éviter le mal de mer et comment s’assurer qu’une première navigation en voilier – à fortiori avec moi – se passera bien

J’entame la rédaction de cet article car je suis énervé, frustré, fatigué… surtout déçu pour toi. Oui – TOI – qui refuses de naviguer car tu as peur d’avoir le mal de mer mais n’as jamais mis les pieds sur un voilier… ou parce que tu as eu une fois le mal de mer sur un ferry, en plein hiver, au milieu d’une tempête entre Calais et Douvres…

Tu rates cette superbe navigation en Zélande (phoques, villages pittoresques, etc.), tu rates cette traversée vers Londres au milieu des cargos et la remontée de la Tamise, tu rates cette baignade au milieu des tortues aux Grenadines, tu ne viens pas en Grèce explorer les Sporades, …

Sur les près de 500 équipiers que j’ai eu la chance de côtoyer, un petit 5% a eu le mal de mer. Ces malades l’étaient lors de navigations difficiles, rudes… Dans lesquelles la plupart (90%) de gens attrapent la nausée avant d’être véritablement amarinés. (c’était en Ecosse de nuit pendant la tempête,  durant mes deux transatlantiques, ou encore lors d’une traversée de la Manche en hiver).

La vérité, seulement 10% des gens sont vraiment insensibles au mal de mer… Par chance, ma tendre et chère et moi-même en sommes !

Voilier au Panama

Ce que vous ne verrez jamais à cause de votre psychose du mal de mer…

Mal de mer physiologique

Le mal de mer est psychologique et physiologique… Seulement une infime partie de la population (~5%) a le mal de mer physiologique – c-à-d irréversible et inguérissable. Par exemple, il existe même des pilotes d’avion avec le mal des airs… Pour eux, le meilleur remède est de prendre un antihistaminique (Touristil, MerCalm) 30 minutes avant le départ en mer. Ils éprouveront une petite somnolence à cause du médicament mais s’en sortent pas trop mal.

Mal de mer psychologique… et les 5 F

Les autres souffrent de – ce que j’appelle – mal de mer psychologique. Il est favorisé par les fameux 5 F – la faim, la frousse (peur), la foif (soif), le froid et la fatigue. Par exemple, cette personne qui n’a jamais navigué, qui part avec un équipage qui ne s’y connait pas plus que ca… il fait gris, il pleut, il fait froid … De peur de devoir aller à la toilette, il ne mange pas, et ne boit pas… en plus il a mal dormi pour sa première fois sur un voilier…

5F

5 F favorisant le mal de mer

Plus les conditions sont dures, plus les 5 F vont favoriser la nausée, voire les vomissements…

Conseils pour éviter le mal de mer

Rappelle-toi le début de l’article, sur 500 équipiers, seulement 5% ont été malade, et c’était à chaque fois dans des conditions pénibles… et surtout – TOUS – sont revenus faire de la voile. Voici quelques conseils pour éviter le mal de mer, le premier conseil étant le plus important, naviguer dans des endroits calmes pour commencer.

  • Naviguer pour la première fois dans un endroit calme – la Zélande, la Croatie, la Bretagne – avec une météo favorable (vent léger, pas de houle et du soleil)
  • Manger & boire suffisamment. Quand j’ai un petit coup de moins bien, j’adore manger quelques chips ou bonbons pour retrouver mes esprits
  • Prendre la barre et barrer le voilier afin de t’obliger à sentir les vagues, le vent…
  • Avoir chaud et rester au sec
  • Rester actif, aller chercher à manger dans la cabine, participer aux manœuvres, chanter, etc.
  • Ne pas lire, ne pas rester à l’intérieur ou cuisiner

Personnellement, je m’assure de naviguer dans des bonnes conditions avec des « novices » de la voile. Je tiens aussi les gens occupés, on chante, on mange, on prépare à manger, on fait la vaisselle sur le pont… Tout ça pour oublier qu’on est sur un bateau.

… et si jamais tu as quand même le mal de mer

Sache tout d’abord que la plupart des coureurs au large (voileux professionnels) ont aussi le mal de mer (après eux ne naviguent pas dans des conditions vraiment clémentes).

  • Il ne sert à rien de paniquer, reste dehors au grand air, éventuellement attache toi si la mer est vraiment agitée
  • Préviens le chef de bord le plus rapidement possible, il pourra te donner d’autres conseils / s’occuper de toi
  • Au plus tard, on guérit en 2 secondes une fois arrivé au port
  • Cependant, le mal de mer passe après quelques heures, souvent après une régurgitation ou un petit somme
  • Allonge toi, et ferme les yeux, si possible dors
  • S’il fait froid, il vaut mieux dormir à l’intérieur. Dans ce cas-là on rentre et on se jette sur sa couchette directement, sans essayer de ranger des chaussures ou autres, la priorité, s’allonger, fermer les yeux

Conclusion: La première expérience est fondamentale

Pour ceux qui rêvent d’emmener leur proches naviguer, il est indispensable de faire en sorte que leurs premières expériences nautiques soient bonnes. Oubliez une sortie à la mi-saison par un 5-6 Beaufort sur un petit voilier, préférez plutôt un grand voilier, au soleil, où on peut se baigner, et une courte navigation de quelques heures dans des bonnes conditions. Bon vent !

Zeebrugge – Zierikzee – Veerse Meer

Cela faisait longtemps que nous n’avions plus fait de weekend à la mer du nord. Avec Camille, Loïc, Roxane, Cédric, Arnaud et Mano, nous nous retrouvons vendredi soir au fond du port de Zeebrugge. Après le traditionnel poulet boursin brocoli et une tentative de jeu de société, on se couche alors qu’Arnaud n’est pas encore arrivé de Londres. Après une très courte nuit, le réveil du capitaine sonne à 6h15. Le jour a déjà fait son apparition et c’est bien la seule chose qui nous rappelle que c’est presque l’été. Le temps est maussade et la météo s’annoncera à moitié correcte… pluie pluie pluie… par contre nous aurons 20 nœuds de vent au lieu des 10 annoncés. Le tout au portant donc vraiment agréable.

Un petit détour par la seule boulangerie ouverte à Zeebrugge à 6h30, et nous partons de la Westhinder Marina. Camille fait la manœuvre de port et le reste de l’équipage range pare-battages et aussières. On passe devant un bateau vert de Deme (dragage) et puis on se retrouve coincé 20min à cause d’un feu rouge… On ne peut pas sortir de Zeebrugge car un paquebot de croisière P&O fait son entrée… avec probablement un millier d’anglais qui iront visiter Bruges tout à l’heure.

On longe Knokke, le Zwin, et Cadzand en enchainant les empannages pour rester entre la plage et le rail des cargos qui s’engouffrent ou sortent de l’Escaut. Un marsouin (petit dauphin) vient nous saluer, seul Loïc faisant la sieste sortira trop tard de la cabine pour l’apercevoir. Le courant de marée devient de plus en plus fort et on passe Vlissingen, Breskens puis Terneuzen à plus de 10 nœuds sur le fond ! On aperçoit des phoques au loin sur un banc de sable alors qu’on prend le Kanaal door Zuid-Beveland qui relie Westerschelde et Oosterschelde.

La météo est de plus en plus grise et à la sortie du dit canal, le vent monte à 20-25 nœuds et la pluie s’invite… On prend rapidement 1 ris et on roule le génois. Nos diables rouges commencent simultanément la deuxième mi-temps de leur match Euro 2016 contre l’Irlande. On enchaine les virements de bord toutes les 3 minutes pour rester dans les étroits canaux du Oosterschelde. Une personne est chargée de tenir le PC avec la connexion pour regarder le match de foot, 2 autres servent d’embraques afin de réussir des virements parfaits – càd sans utilisation de la manivelle, et enfin le reste fait le boulet pour éviter de partir au lofe en positionnant son poids le plus au vent possible.

Le passage sous le pont Zeelandbrug, reliant l’île de Noord Beveland et Schouwen Duiveland (ouverture du pont toutes les demi-heures), signifie la fin de notre longue journée… On a fait plus de 60 MN de route et navigué presque 12 h ! Le canal d’entrée du port de Zierikzee est situé juste après le pont, et comme par miracle, le vent se calme, la pluie disparait, et un autre marsouin vient nous faire un coucou.

Zierikzee est une ville « typique » hollandaise, qui peut faire penser à Amsterdam en nettement plus petit. chaque weekend, des centaines de voilier y passent et c’est donc en tant que 3ème bateau à couple que nous installons notre Oceanis 37 au port. Nos voisins Anversois, sur un beau 40 pieds sont très fatiguant concernant l’amarrage de notre voilier, …  Heureusement j’avais prévenu l’équipage que ce serait pénible J .

Petit tour en ville puis un apéro plus tard… tout le monde est bien claqué de sa journée. On découvre dimanche matin qu’aucune boulangerie n’est ouverte avant 11h, c’est donc sans pain qu’on repart. Le vent est plutôt mou et on passera quasiment toute la journée au moteur. On recroise le marsouin de la veille puis on s’arrête un quart d’heure devant un banc de sable avec une trentaine de phoques. Ensuite passage d’écluse et on traverse tout le Veerse Meer. Petit tour à Veere et canal door Walcheren, qui passe par Middelburg et qui relie Veere à Vlissingen. Cela nous prend beaucoup de temps, ayant raté le Blauwe Golf …  Arrivée 19h45 à Zeebrugge… L’équipage est au top et en 10 min à peine, le bateau est rangé, nettoyé et vidé. Une nouvelle très longue journée. Un très beau weekend !

Merci à tous

 

 

Les Canaries faites pour la voile en hiver

Un an après avoir fait escale dans les Canaries à bord de Tikehau lors de notre transat l’année dernière, et  5 ans après la transat Glénans, nous sommes de retour dans ce merveilleux archipel. Les Canaries sont à tort dépeintes comme une destination à « toutous » – c’est le cas si vous restez coincés autour du Sud de Tenerife (los Cristinianos et compagnie), le Nord est déjà beaucoup plus plaisant Santa Cruz, la plage las Teresitas, le parc Anaga et la Orotava. Sans oublier le volcan El Teide. Et puis, n’oubliez pas la Palma, El Hierro ou la Gomera qui sont de véritables bijoux.

Après 4h de vol RyanAir, nous atterrissons à Tenerife Sul et louons une voiture pour toute la semaine, bien qu’on ne l’utilisera que 2-3 jours, le prix étant tellement dérisoire (10€/jour). 2h de route et nous sommes à la Darsena Pesquera, à quelques kilomètres au nord de la Capitale Santa Cruz, nous y retrouvons le Mambo Tango – le Dehler 39 sur lequel nous avions déjà navigué vers la Suède en 2012. Un peu plus loin se trouve le nouveau voilier de Dominique, qui fut jadis mon stagiaire à bord de l’Oceanis 43 Manoua.

Avant de décharger nos affaires, le gardien de cette marina nous demande qui on est. Je lui montre un document signé comme quoi Roland nous prête son voilier, rien n’y fait. Il croit qu’on est des imposteurs malgré le témoignage de Dominique, le fait qu’on ait la clef du voilier… Heureusement que Roland répondra quand le gardien l’appela en Belgique !

Cette fois-ci, Mano et moi ne naviguerons qu’à deux, quel bonheur de ne pas devoir expliquer, ré-expliquer, vérifier, attendre, comprendre, d’autres équipiers. Après avoir déchargé nos courses, nous passons rapidement dire bonjour à Dominique avant de filer manger à Santa Cruz. On est HEUREUX. Déjà on est en T-shirt, les gens sont détendus, les serveurs sont sympathiques, et il y a du Gin Tonic.

2ème jour – Santa Cruz – Los Cristianos 

Après une mauvaise nuit due à l’excitation de renaviguer, nous nous mettons très doucement en route. On passe par le bateau de Dominique pour le café, expliquons au capitaine du port qu’on revient fin de semaine, et yallah c’est parti.

Pour cette première étape, nous longeons la côte sud de Tenerife, au portant, et c’est juste dingue. Les souvenirs de notre passage il y a 1 an nous envahissent et nous profitons de cet instant magique. Le vent forcit et la mer monte, et  à hauteur du cap Punta de Abona, les creux de ~2-3m se révèlent un rien dangereux. Je n’ai plus l’habitude et je stresse même un peu. 20 nœuds de vent, 2m de creux, 8 nœuds de vitesse pour Mambo Tango ! Le tout accompagné par un gigantesque banc de dauphins chassant des poissons qui sautent hors de l’eau en banc également.

Passé la pointe, le vent tombe totalement et c’est au moteur, le soleil tombant que nous finissons notre trajet jusqu’à los Cristianos. Il fait quasiment nuit quand nous jetons l’ancre à quelques lieues du port à toutou par excellence. Le mouillage est un brin rouleur et nous y passons une très mauvaise nuit.

3ème jour – Los Cristinianos – San Sebastian de la Gomera

La principale difficulté de la navigation aux Canaries est le manque de mouillage et de ports abrités. Impossible de faire de courtes etapes de 15-20 MN, il faut souvent 30 à 50 milles de navigation (6 à 10h) entre deux abris.

C’est donc avec des petits yeux que nous quittons Los Cristianos. Le mouillage recommandé par Roland est abrité des alizés mais le petit clapot nous a empêchés de dormir. Comme prévu, le vent monte progressivement alors qu’on fait route plein ouest et le ris dans la grande voile se révèle bien utile. On aperçoit quelques dauphins et des globicéphales au loin.

En 3 heures à peine, nous atteignons San Sebastian de la Gomera. On se prélasse le restant de la journée sur la petite plage à côté du port avant de finir pour l’apéro sur la place du village. Autour de nous, nous entendons parler français et italien. Ce sont des marins qui rêvent tout haut de leur première transat à venir. Et si on lâchait tout et on empruntait Mambo Tango pour 1 mois ou 2… histoire de vivre l’aventure rien qu’à deux.

4ème jour – Randonnée sur la Gomera – vallée de Benchijigua

C’est en stop que nous partons à la découverte de la partie Sud de l’île. Un couple d’Allemands ne parlant pas un demi-mot d’anglais nous emmène gentiment à l’aventure. Ils sont cependant des pros de la rando sur la Gomera (equipés d’un GPS et de cartes high tech), et c’est avec leurs conseils que nous entamons une balade de 4h un peu au milieu de nulle part. Nous partons de ~1100m d’altitude est descendons une vallée incroyablement verte et déserte. #GrandKiffe

Nous sommes véritablement seuls dans ce dédale verdoyant qu’est la vallée de Benchijigua. Le calme nous impressionne. Après plusieurs heures de descente, nous arrivons un peu par hasard à Santiago, village côtier un rien perdu. Par hasard, c’est le même village où nous avions été après l’ascension du mont Garajonay l’hiver dernier. Sans rater le bus retour vers San Sebastian cette fois-ci. Sur la place du village, nous nous attablons au seul café un rien ouvert pour manger un petit morceau et gratter les « win for life » ramenés de Belgique. Petite baignade dans l’eau plutôt agitée et frisquette.

De retour à San Sebastian, nous dînons à bord du Mambo Tango avant de retrouver les platanes de la place centrale.

5ème jour – Randonnée Valley Gran Rey à la Gomera

Sans avoir trouvé de voiture voulant nous prendre en stop, nous nous résignons à prendre le bus partant à 10h30 de San Sebastian. On mettra plus de 2h de serpentins dans la montagne de la Gomera pour atteindre Arure. Après un petit morceau de pain avec du Jamon dans la seule taverne du village, nous marchons sur une crête durant de nombreuses heures avant d’arriver à l’aplomb de Valle Gran Rey.  La vue est incroyable et ressemble à ce que nous avons vu au Cap Vert (Santo Antao).

La dernière heure de la rando consiste en une descente abrupte d’un escalier. L’arrivée à Valle Gran Rey – La Calera n’augure rien de bon. Les restos ont des menus en allemand (à la rigueur en espagnol mais pas en anglais), c’est bétonné, et il y a du monde. Après du réconfort à une terrasse, je me baigne brièvement dans la mer toujours trop froide à mon goût avant de reprendre le bus pour ~3h dans la montagne.

On dîne dans le dernier resto à la mode de San Sebastian, tenu par une française, on y mange un burger au foie gras et de l’excellent poisson frais.

6ème jour – navigation San Sebastian (La Gomera) à San Miguel (Tenerife)

30 MN de navigation (~6 heures) pour rejoindre San Miguel (Tenerife). Le vent est favorable et nous progressons bien jusqu’à la pointe sud de Tenerife où le dévent est trop important. C’est à ce moment que nous croisons 3-4 globicéphales. Nous restons prudemment à une centaine de mètres, contrairement à un autre voilier qui n’hésite pas à foncer au milieu du groupe. Malgré les presque 1000 photos prises en rafale, rien de digne à vous montrer !!

Roland nous avait prévenu. La marina de San Miguel n’a que 2 intérêts. Son nom et sa localisation à quelques km à peine de l’aéroport et surtout le seul port entre Santa Cruz et La Gomera. Pour le reste circulez il n’y a rien à voir. Le personnel est plutôt désagréable. Heureusement nous y avions réserver une place bien à l’avance.

Aux alentours, un complexe touristique vide et… c’est tout. Bref on s’emm… !

7ème jour – San Miguel à Santa Cruz (Tenerife)

Nous partons extrêmement tôt de San Miguel pour passer le fameux cap Abonda avant le lever du soleil, avant que le vent ne se renforce… Car même s’il n’est que 5 h du mat, le vent de face souffle à plus de 20 nœuds de vent et c’est au moteur que nous affrontons les vagues. Pendant que Mano continue sa nuit, je suis seul dehors (attaché avec un harnais biensûr) et j’enchaîne les embruns en pleine figure. Oh joie… Le tout pendant plus de 3h… jusqu’au franchissement du fameux cap Abonda où le vent se calme. En route nous croisons à nouveau des dauphins (on en a presque plus rien à fiche 🙂 ).

Alors qu’on arrive à la Darsena Pesquera au nord de Santa Cruz, nous croisons le voilier de Dominique qui fait la très courte navigation entre la Darsena et le port de Santa Cruz.

L’après midi, nous nous languissons sur la Plage las Teresitas jusqu’à ce que les rafales de vent aient raison de notre tolérance au sable dans les yeux. On finit la journée comme il le faut à Santa Cruz… Resto, Gin Tonic… bref la totale quoi !

 

8ème jour – San Miguel à Santa Cruz (Tenerife)

Après le rangement et nettoyage du Mambo Tango, nous profitons des dernières heures à Tenerife sur la plage de Las Teresitas.

A la prochaine les Canaries – car oui on reviendra c’est certain !

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Articles Tenerife sur le blog MigTheSailor

Vidéo de Tenerife en Novembre 2014

 

Canal De Panama à Bord du Catamaran Bonobo

Les voiliers qui passent le canal de Panama, ont l’obligation d’avoir 4 équipiers dits « handliners » en plus du capitaine et du pilote à bord. C’est grâce à une annonce sur le Cruisers Forum que nous trouvons un poste de handliner sur le Bonobo. Un impressionnant catamaran en Alu mené par les atypiques Nadine et Marc.

On retrouve Marc et Romain au supermarché Rey à Colon en ce 12 février. Les deux comparses se sont connus quand ils travaillaient au Club Med dans les années ’80 comme GO de plongée. Romain, français vivant à Miami, est à Panama pour un week-end prolongé. En route pour la luxueuse Shelter Bay Marina, Marc nous raconte les dernières (més)aventures avec des équipiers embarqués … celui qui embarque pour 6 mois mais rentre déjà après 6 heures (de mal de mer), celle qui squatte le bateau pendant un mois et vide les réserves du bord… Oh bien-sûr il y a le bon souvenir de cet équipier qui dans une autre vie était chef coq !!

Après avoir franchi le canal en voiture et une bonne demi-heure de route, nous arrivons à la marina avec un brin de pression. Est-ce que nous serons nous aussi des équipiers boulets ??? L’ambiance de la marina nous met instantanément de bonne humeur, tant de voiliers qui sont en transit…. Ici on ne parle pas de la traversée de l’Atlantique (comme à Tenerife ou au Cap Vert), mais du pacifique, de la Polynésie … Nadine – la femme du bord – nous accueille avec un grand rire, nous installe dans notre gigantesque cabine pour 3 nuits et nous donne un peu de boulot… Pas grand chose en vérité hormis supporter le cagnard de 35 °C. Sur un autre ponton, nous tombons sur Lazy Jack, un gigantesque catamaran Catana skippé par un chirurgien belge. Lui aussi il fait un tour du monde et a une préférence pour les cuistots italiens.

A l’heure de l’apéro (il est toujours 5 heures quelque part), Claude – l’électricien français de la marina et sa compagne colombienne Erica – se joignent à nous. C’est le dernier soir dans la mer des Caraïbes et aussi l’heure des adieux pour Bonobo et son équipage. On enchaine les rhum punch et finissons par un délicieux poulet. Nadine et Marc sont pliés en quatre en me regardant écouter patiemment les théories conspirationnistes de Claude !

Le lendemain, au matin du vendredi 13, l’agent qui s’occupe de formalités administratives pour le passage du canal vient remettre tous les documents nécessaires. Plus qu’à attendre Guillaume, un autre français en voyage qui vient jouer le handliner comme nous et profiter de cette incroyable expérience.

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Tout était trop beau pour être vrai…. A midi trente, l’agent vêtu d’un polo orange passe en coup de vent nous annoncer que le passage du Canal est annulé car son patron n’a pas reçu de paiement. Il ne se rend pas compte des conséquences de ses propos, pire il ne semble pas gêné et ne cherche aucune solution. On le retrouve trente minutes plus tard sur un autre bateau de la marina. Marc et Nadine restent plutôt calmes malgré la gravité de la situation… Leur compte en banque a été débité (€2000 et plus…) et un report du passage retarderait leurs plans de voyage, gâcherait l’anniversaire de Marc, ainsi que notre passage du canal. De plus, il faudrait sans doute repayer le tout et perdre plusieurs jours voire semaines ici à Colon, ville sans intérêt et réputée dangereuse. T-shirt orange repasse par Bonobo pour expliquer que rien à faire, son patron a annulé le passage de notre cata…. C’est la catastrophe … Après une heure de palabres, on comprend qu’il est encore possible de passer aujourd’hui…. Mais il faut repayer l’entièreté du fee en cash… ( et espérer récupérer le montant déjà versé). Trente minutes plus tard, après un aller retour express pieds nus à l’automate pour Marc, t shirt orange compte patiemment les plus de 120 coupures de 20 USD dans le carré de Bonobo alors que le temps presse…

Nadine est la barreuse de l’imposant catamaran, et il n’a fallu qu’une minute entre le départ de l’agent et le largage des amarres. Nous traversons par un vent de plus de 25 nœuds la baie du port de Colon jusqu’au « Flats » où nous jetons l’ancre en attendant que le pilote embarque. L’horaire de notre passage des premières écluses change encore 3 fois et nous partons du mouillage qu’à la nuit tombée en compagnie de 2 autres voiliers, un danois – Sea Wolf , et un américain – Journey.

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Notre pilote n’est pas très bavard mais Nadine et Marc sont extrêmement bien préparés. La première manœuvre est d’emblée la plus délicate, les deux voiliers qui nous accompagnent se mettent à couple de chaque côté de Bonobo. Nous ne formons plus qu’un super voilier avec 3 mâts et 4 coques. C’est Nadine qui gère la manœuvre car Bonobo est le plus puissant avec deux moteurs de 55 CV et situé au centre de l’ensemble. En entrant dans les Gatun Locks, des employés du Canal lancent des pommes de touline vers les voiliers. Les handliners y accrochent leurs grosses aussières en nylon (qui flottent) et veillent ensuite à ce que les aussières restent tendues pour maintenir nos 3 voiliers au milieu de l’écluse. Il y a 4 aussières, 2 à l’avant et 2 à l’arrière… Si bien que nous sur Bonobo n’avons rien à faire car à tribord les « vieux » de Journey essaient de s’en sortir, et à bâbord les « jeunes » (et jolies) de Seawolf font le contraire de ce qu’il faut faire… Tout cela sous le regard amusé de l’équipage du Valliant Ace – mastodonte avec plus de 5000 voitures dans ses entrailles avec qui nous partageons l’écluse. Les remous que son hélice provoque sont impressionnants, nos amarres se tendent à bloc et un chaumard de Journey cède sous la tension !

A la sortie des 3 chambres des Gatun Locks, nous sommes montés en une petite heure de 3 fois 8 mètres à l’altitude du Lago Gatun. Ce lac artificiel est aussi une magnifique  réserve naturelle où passent plus de 30 porte-conteneurs, vraquiers ou transporteur de voiture par jour.  Il est 22 heures passé et nous passons la nuit à une bouée au mouillage. Pour fêter l’anniversaire de Marc – a mi chemin entre l’Atlantique et le Pacifique – et entre l’Amérique du Sud et du Nord – tequila et spaghetti Bonobo !!! Nadine est très contente de ses matelots et nous propose même de rester à bord jusqu’en Nouvelle Zélande… !! (Disons 1 an !) Marc approuve avec vigueur l’invitation de Nadine en me voyant faire la vaisselle comme un marin – c’est à dire avec un rikiki d’eau douce.

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Un nouveau pilote vient nous réveiller à 6h30 en ce jour de Saint-Valentin. Nous naviguons 30 MN (5h30) sur le Lago Gatun jusqu’à l’écluse de Pedro Miguel. Nous croisons un bateau de croisières et plusieurs autres navires au dimension Panamax…. Soit 12 mètres de tirant d’eau, 32 mètres de large et 305 mètres de long. Avec la construction de nouvelles écluses (prévue pour 2017) – la largeur maximale passera à 48 mètres  (dimension POSPANAMAX). D’ici une dizaine d’année, le projet de canal au Nicaragua porté par un consortium chinois aura peut être aussi abouti.

Nous voyons un crocodile sur les berges du fameux Gaillard Cut. Cet étroit goulot creusé par les français et puis par les américains, fit énormément de morts.

L’écluse de Pedro Miguel n’a qu’une chambre et nous descendons de 8 mètres avec nos deux voiliers amis mais sans cargo si bien que nous avons toute la place. Un mille plus loin se trouvent les portes du Pacifque – les écluses de Miraflores. Dans le centre des visiteurs, le speaker annonce que Bonobo est dirigé par une femme ! Deux chambres plus loin et nous quittons l’eau douce du Gatun pour le sel du Pacifique. Le pilote débarque également et nous amarrons Bonobo à une bouée du Balboa Yacht Club à Panama City. La ville est morte mais en agitation car tout le monde a pris congé pour le carnaval. On raccompagne Guillaume à Casco Viejo et nous continuons vers la première parade du Carnaval… Pendant 4 jours la ville ne s’est pas arrêtée…. L’artère principale longeant la côte étant d’ailleurs bouclée dans les deux sens et l’accès sévèrement contrôlé par des centaines de policiers.

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Conseils pour le passage du canal de Panama
– Prévoyez minimum deux semaines de formalités
– la Shelter Bay Marina de Colon a un forfait intéressant pour 31 jours si vous payez à l’avance par visa sur leur site web
– Choisissez votre agent avec soin, sachez que la société recommandée par la Shelter Bay Marina fait partie du même groupe que la marina
– Faites vous la main en tant que handliners sur un autre bateau
– Louez vos aussières en nylon de 50 mètres auprès de Tito – personne de confiance
– Les pneus ne se louent pas mais s’achètent auprès du même Tito – par contre bonne chance pour s’en débarrasser
– n’oubliez pas la clearance sortie à Colon ou à Panama, ainsi que le plein de fuel – car aux Las Perlas – ni clearance ni fuel !!

le jour J
– Briefer l’equipage et vos hardliners
– La qualité des pilotes varient fortement, ne comptez pas sur lui pour les manoeuvres, seulement pour les instructions – maintenant on entre, on se met à couple etc….
– Prévoyez glacière remplie de boissons car cela surchauffe….

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The Grenadines – living the great life

With a strong wind – 25 knots of north east – we sailed from Bequia to Canouan and then Mayreau. While arriving at Canouan, a barracuda fish decided he would be our lunch and put our fishing hook in his mouth.

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After that delicious lunch and a walk on the island, we continued to Mayreau were we met Tikehau and its crew. Benoît the owner, Gabi and Théo (with whom we crossed the Atlantic),  were with 3 ladies on board, Judith, Madeleine and Catherine. It was nice seeing them over there 3 weeks after we left the boat in le Marin.

We spent the next day in Tobago Cays – the well-known marine park. We saw manta rays and turtles… And finished it in Petit Saint Vincent with Pina Coladas…

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Our Grenadines trip continued at Clifton on Union Island. While the crew did walk to the top of Fort Hill, Mano and I did the clearance out of SVG (Saint Vincent and the Grenadines ). It’s depressing how much time and money I wasted with those formalities in every country. Union Island differs from other Grenadines islands as it is more developed and hosts a small (30? People) French expats community.

Turtle in Tobago Cays Turtle in Tobago Cays

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On our way back to the north, we successfully stopped in a small bay in Saint Vincent and then in Sainte Lucie – two pitons and finally at Rodney bay (still Ste Lucie). I will always remember Petit Byahaut Bay in SV. This deserted bay was the more than perfect spot for snorkeling, fishing and (trying to) catch coconuts from the trees. We also had a small birthday party for Pieter ! Last but not least, Pauline ( vriendje ) decided to go bare feet on a sea urchin…. As a result, lots of tears and certainly 40 pins in her foot ! (Aie aie aie).
The two pitons mooring was also very impressive, and our two professional snorkelers (aka Pieter & Roeland) enjoyed that spot as well… I was told there are some lobsters as well…

On our last day, Saturday Jan 17 , we sailed from Rodney Bay to Les Salines in Martinique, where we swum the whole afternoon and closed the trip in Sainte Anne.

Sainte Lucie les Deux Pitons Mooring Sainte Lucie les Deux Pitons Mooring Petit Byahaut - Saint Vincent (3NM south of Walilabou Bay) Petit Byahaut – Saint Vincent (3NM south of Walilabou Bay)

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Bequia – the most perfect Caribbean Island

We arrived yesterday morning in Bequia – according to the Lonely Planet « The most perfect Caribbean Island « . I’m glad to believe it. The 2500 inhabitants managed to keep an equilibrium between authentic life and tourism.

The night sailing between Saint Lucia – La Raye Bay – was heavy – with 25 knots wind for the first night at sea for most of the crew.

On Bequia, the first Grenadines island when sailing from north to south, we did first some snorkeling followed by a jeep tour on the island. We finished the day by a drink at the Gingerbread café and dinner on board prepared by Roeland and Pieter. Jetlag combined with little sleep past 3 nights made us all go to bed at 8.30 pm.

Today we are heading to Mayreau and will likely meet with the crew of Tikehau.

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Port Elizabeth in Bequia

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Part of the team

19 déc – Arrivée en Martinique

Deux mois jour pour jour après notre départ du Crouesty le 19 octobre 2014, nous arrivons au Marin à la date prévue !

Les 115 MN qui sépare Carlisle Bay (Barbade) du Marin ont été avalés en 22h à peine – et cela faisait longtemps – au près (càd en remontant le vent). Arrivés à l’aurore, nous avons pris la première place disponible dans la marina bondée et sommes allés prendre le petit déjeuner au Mango Bay. Ce café bar resto (quoique trop cher et pas délicieux) est un célèbre repère des marins au long cours ainsi que des professionnels de la voile travaillant par ici.

Après le nettoyage à l’eau douce du voilier, nous faisons du stop jusqu’à la fameuse plage des Salines au sud de l’île. L’eau est turquoise et on étend nos serviettes à l’ombre de cocotiers.

Nous retournons au Mango Bay le soir pour la fameuse happy hour du vendredi !! J’y retrouve un ancien stagiaire des Glénans – Fred. On s’est connu lors d’un mémorable trajet Glasgow Paimpol. Avec sa compagne Maïté – ils vivent sur leur voilier « la belle Hélène  » et viennent d’arriver aux Antilles également.

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