Tréguier – Saint-Malo – Aberwrac’h [Bretagne 2021]

On entame cette deuxième semaine de navigation à Tréguier. Après un café sur la place du village , on part explorer le chantier naval du village. Des dizaines de bateaux sont sur leurs bers à attendre des meilleurs jours et retrouver l’eau. Je suis étonné de voir neuf Boréals entreposés. Ces bateaux en aluminium sont conçus pour explorer les pôles nord et sud. Avec les neuf Boréals vus dans le port de Tréguier, cela fait 18 boréals au total. C’est une belle réussite pour les deux Jean-François à l’origine du chantier. Mais un peu triste d’en voir autant attendre de faire de beaux voyages.

Boréals alignés chantier Tréguier
Port de Tréguier

Nous partons peu avant la marée basse en direction de l’archipel de Bréhat. Au lieu de contourner le phare des Héaux-de-Bréhat, nous empruntons des petits chenaux – La Gaine et la Moisie – qui servent de raccourci. J’empruntais ces mêmes chenaux il y a plus de 15 ans, sans gps. C’était une navigation risquée où il fallait tenir deux amers blancs avec marque noire (le chenal de la gaine) sur une même ligne (alignement), ou encore l´amer du Rosédo avec le clocher de La Chapelle Saint-Michel pour le chenal de la Moisie. La difficulté n’est plus la même avec un iPad qui sert de gps avec une belle cartographie.

A Bréhat, on prend un coffre (une bouée) dans la baie de la Corderie au Nord-Ouest de l’île. La majorité de l’équipage part se promener, à la découverte des jardins soignés et goûtant des fleurs de capucines. A notre retour, un festin nous attend. Gratin dauphinois, parmigiana et saucisses. Les saucisses et merguez auront été au menu pendant une semaine entière suite à une erreur d’appréciation au moment de l’avitaillement.

Jolie maison à Bréhat

Le lendemain, on finit mon quatuor favori de chenaux avec le Kerpont et la Trinité (+ Moisie et Gaine) jusqu’à Paimpol. Dans le port, on s’amarre sur les pontons des Glénans. Quelle nostalgie! C’est là que j’ai appris à naviguer il y a plus de 15 ans et que j’ai passé mes étés pendant 5 ans. Je suis vraiment ému. C’est idiot.

Pas le temps de traîner à bord. À 11h on s’installe sur la terrasse de « l’Époque » pour un premier café. Une journaliste du Télégramme nous prend en photo et 5 min plus tard nous sommes sur la page d’accueil du quotidien breton. La ville des Côtes d’Armor est en ébullition en ce dimanche matin, le Tour de France (cycliste) va y passer. Après des centaines de voitures publicitaires, un sandwich et quelques cafés à notre terrasse en première loge, les coureurs arrivent à fond. En quelques secondes ils défilent et tout le monde rentre à la maison.

Les belges à fond dans le Télégramme – Tour de France à Paimpol

Notre journée sportive n’est pas finie. Le soir, sur la terrasse de la Paillote, nous assistons au match de foot Belgique – Portugal (1-0).

Nous passons toute la journée en mer et à la voile entre Paimpol et Saint-Cast-le-Guildo. Un dauphin solitaire nous salue dans la baie de St Brieuc. Nouvelle soirée foot dans un restaurant France – Suisse (3-3 et élimination française aux pénaltys). La pluie ne nous rate pas en rentrant au port à pied.

Dragon océan

… déjà le dernier jour pour le premier équipage. En deux heures on couvre les 8 Milles nautiques jusqu’à Saint-Malo. On écluse pour accéder au bassin Vauban avec un Figaro 3 qui va participer à une course. Dragon Océan, notre voilier, est amarré au pied de la ville close.

Ovni 395 au pied de la ville close

L’après-midi on se balade sur les remparts puis jusqu’à l’île du Grand Bé, accessible à pied à marée basse et abritant la tombe de Chateaubriand. Le dîner est de toute grande classe. Le restaurant la Corderie offre une vue sur Dinard et sur le barrage de la Rance. Au menu: Spritz Breton, Huîtres, Lotte et dessert accompagné d’un Chardonnay. On finit la soirée à la Trinquette – yacht club repères des marins qui participent au Tour de Bretagne en Figaro 3. Ils s’élancent dans 2 jours et feront le même parcours que nous.

Sur la plage de Saint-Malo

Julien quitte de trop bonne heure le voilier et les filles – Maëlle, Fanny et Amandine – vers midi. Avec Stijn, on en profite pour faire une petite lessive au centre ville.

La journée continue avec des courses en chariot avec Jens et Aude qui viennent d’arriver. En moins de 30 minutes (!!), on trouve tout ce qu’il nous faut pour les 10 prochains jours. Au retour on longe une vingtaine de Figaro 3 qui participent à la course. Je reconnais quelques skippers connus (Tanguy Le Turquais, Alexis Loison, Nils Palmeri).

Figaro 3 à Saint-Malo pour le tour de Bretagne

On continue par une balade dans la cité Vauban et un apéro avec vue sur les chenaux de Saint Malo. Nos voisins de table sont victimes d’une attaque de goélands. Retour au bateau et dîner cabillaud à bord.

Coucher de soleil & apéro à Saint-Malo

Premier jour de navigation avec la nouvelle équipe. Stijn et moi n’avons pas beaucoup besoin de parler pour se comprendre et savoir ce qu’il faut faire.

Après le passage de l’écluse, on poireaute 30 min devant la station gasoil des Bas-Sablons car un couple de touristes prend tout son temps pour faire le plein de son pêche promenade. Les premières heures sont au moteur avant de profiter d’un bon 15 noeuds de vent. Dragon Océan file à 7 noeuds. La pluie s’invite.

On s’arrête à Bréhec pour récupérer Jérôme et Margot en annexe avant de finir la journée au moteur à Bréhat, au mouillage de la chambre. Notre voilier étant un dériveur intégral, on entre assez loin dans la crique avec notre petit tirant d’eau, tandis que de nombreux navires jettent l’ancre dans le Ferlas moins bien abrité.

Embarquement d’équipiers à Bréhec
La chambre à Brehat

Le matin, on fait tous une longue balade jusqu’à l’île nord. Au retour, nous croisons de nombreux touristes d’un jour fraîchement descendus de la vedette. On en profite pour acheter une nouvelle bonbonne de gaz.

Les dieux de la météo ne sont pas avec nous. C’est au moteur qu’on va jusqu’à Batz. On arrive relativement tard et filons au pub de l’île pour assister au match Italie Belgique (2-1). Les français ne manquent pas de nous chamailler.

En Bretagne Nord, il s’agit de toujours avancer avec le courant, qui est favorable pendant 6 heures avant d’être contraire les 6 heures d’après. En attendant la marée favorable, nous faisons un petit tour sur l’île de Batz. On part à la voile de notre mouillage dans le port de Batz (sans utiliser le moteur).

Notre ovni 395 – comme de nombreux dériveurs intégraux – a beaucoup de mal face au vent. On tire des bords carrés et le vent vient de où l’on doit aller. Les premières heures, nous ne progressons qu’à 2 noeuds vers notre but (au lieu de 5 ou 6…). L’arrivée à l’Aberwrac’h devient un chemin de croix. Le vent monte à 20-25 noeuds de face. Le courant s’inverse et devient défavorable. La mer se creuse. La nuit tombe. En plus, l’entrée de l’Aber (estuaire en breton) est périlleuse avec de nombreux cailloux. La moitié de l’équipage est HS pour cause de mal de mer.

Premier soulagement au moment de passer la bouée qui marque l’entrée du chenal. On peut enfin relâcher les écoutes et arrêter de faire du près. On démarre le moteur. Plus loin on affale les voiles et enfin on s’amarre à côté du canot orange et vert de la SNSM. Il est minuit. On n’a pas encore mangé mais on est heureux d’être arrivés.

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