1 dec – Pas d’hydro mais des dauphins

Ce matin nous avons retesté l’hydrogénérateur dans des conditions optimales. Vitesse 6 noeuds, batterie 12,5V… Et rien… Malgré la nouvelle connectique, le LED continue de nous narguer en clignotant vert… signifiant batterie pleine… (D’après le manuel) On a tous abandonné l’espoir je pense de le voir fonctionner. Il faudra qu’un electronicien pro s’en charge aux Antilles. Les batteries se chargeront grace au moteur qui devra tourner 1H30 par jour.

Apres la petole de la nuit de samedi a dimanche, nous avons commence a « pulser ». D’abord sous spi, puis avec le genois et la grand-voile. La progression est tres bonne sur les dernieres 24h en suivant la route orthodromique. La nuit derniere a ete plus agitee, avec des grains et du vent. La bonne nouvelle est que la meteo sera tres favorable les 5 prochains jours, 15 noeuds de NE ou E. On ne peut rever mieux pour avancer rapidement sans stress du gros temps.

A petite dose, j’essaie d’apprendre a l’équipage de prendre soin du materiel. Par exemple, le génois est roule de quelques tours pour eviter qu’il ne frotte (et s’use) contre le balcon. Chaque matin, nous lavons le pont. Dans 2-3 jours nous affalerons la GV pour etre certain que la drisse ne s’use pas trop (et eviter qu’elle ne rompe) au frottement avec le rea.

Theo et Gab ont enfin mis leur ligne a l’eau. 100m de cable nylon… Viens petit poisson… Viens.

Hier soir, avant l’apéro de 18h. Une cinquantaine de dauphins (peut etre même 100) sont venus nous saluer. Ils sautaient dans tous les sens et chassaient des poissons. La journée nous ne voyons que rarement quelque chose (un cargo hier), la nuit parfois quelques feux au loin.

Position à 14h15 TU-1 (16h15 en Europe)
16N14,0′
30W43,4′
Cap 290
Vitesse 5,5kts
Distance de la Barbade 1686 MN. On a donc gagne 134 MN sur la route directe en 24h.

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Route orthodromique ou loxodromique

Une des particularités des longues traversées, ce sont les choix de route. L’orthodromie ou la loxodromie?

Une route orthodromique (en grec orthos = droit et dromos = chemin) est la route la plus courte sur une sphere (comme la terre). Projetée sur une carte (2D) comme on utilise a bord, l’orthodromie apparait comme une courbe. Aussi, le chemin le plus court du Cap Vert vers les Antilles nous fait d’abord remonté légèrement vers le nord bien que la destination finale soit plus au sud. A mi chemin (plus ou moins) on redescendera vers le sud (cap 240 p.e.). Vous n’arrivez pas a suivre? Pensez a votre avion Bruxelles -Pekin/Shanghai/Tokyo. Bien que la destination se trouve plein est, le vol montera d’abord vers le nord pour survoler la Siberie avant de repiquer vers le sud sur sa destination finale. Les Russes ont bien compris l’avantage strategique de leur grand territoire et ponctionnent d’ailleurs un droit de survol consequent pour tous ces avions entre Europe et Asie.

La route loxodromique (en grec loxos = oblique) est une route a cap constant. Ainsi, la loxodromie jusqu’a la Barbade depuis Mindelo exigerait de prendre un cap constant de 260 (+-). Sur nos cartes qui utilisent toutes la projection de Mercator (célèbre belge !!), cette route loxodromique apparait comme une droite parfaite. Cependant la route est plus longue que l’orthodromie. Revenons a notre avion pour Tokyo. En loxodromie il survolerait la Chine, en orthodromie il passe plus au nord (Russie).

En pratique, au (quasi) niveau de l’équateur à 15° degrés Nord, la route loxodromique et orthodromique tombent presque ensemble. Plus au nord, entre New York et l’Irlande par exemple , l’écart entre la loxo et l’ortho est significatif !!

Les voiliers qui traversent l’Atlantique du Cap Vert vers les Antilles peuvent également prendre une troisième route que je nommerai la route des alizes. A cote de l’orthodromie (route nord), la loxodromie (route mediane), la route des alizes (nom que je choisis a l’instant) serait une route plus sud. L’idee est de piquer plus au sud pour aller chercher ces vents constants et favorables dits Alizes. Cette route des alizes est encore plus longue que la loxodromie. Il y a 4 ans, on etait parti a 3 bateaux des Glenans de Tenerife. Les deux premiers, Gaia et Perine, avaient choisi la route des alizes, a bord de Zebulon on avait pris une route +- loxodromique. Resultat sans appel… Gaia et Perine avec respectivement 4 et 2 jours de retard l’arrivee… (comme si une voiture de formule 1 terminait 6 tours apres le premier).

Tikehau pour l’instant se trouve entre la route Loxodromique et la route Orthodromique. La « stratégie » qu’on applique est de descendre un rien sud (en moyenne cap 265) pour remonter vers le nord des qu’on aura le vent plein est. Notre route est donc dictee par le vent actuel et futur.

Parlons justement du vent. Il est timide depuis notre depart, une dizaine de noeuds tout au plus depuis samedi matin. Les fichiers meteo (Grib) que je telecharge grace au telephone satellite (irridium) predisent un renforcement ce soir. On attend cela avec impatience, car a l’allure actuelle, on mettrait 30 jours !! Les previsions Grib se sont jusqu’a present revelees d’une precision redoutable, voire malefique. Jusqu’a 3-4 jours a l’avance, ils anticipent les variations de vent a une ou deux heures pres. On a hisse le spi vers 10h ce matin mais on ne va pas tarder a l’affaler car le vent forcit petit a petit.

Les nouvelles du bord. On a entame la Pata Negra (miam). On a jete les oeufs achetes en Bretagne par dessus bord (pourris). Gab a passe 2 heures pour confectionner une nouvelle traine… j’attends le poisson… Theo et Gab sont plutot fatigues apres avoir ete les rock stars de Mindelo. Ca tombe bien on a plutot le temps de dormir a bord. Hier soir nous avons fait une partie de Tarot tous ensemble pendant l’apero, c’etait sympa. Mno est avide d’approfondir ses connaissances theoriques de la voile. Je lui donne un petit cours chaque jour. Hier on a revu le vocabulaire (plus avance) du bord. Aujourd’hui on fera quelques exercices sur cartes (estime, points par 3 relevements).

Position a 14h10 TU-1
16N24,8′
28W25,1′
Cap 275
Vitesse 6,5 kts
Distance de la Barbade 1820 MN. On a donc a peine gagne 90 MN sur la route directe en 24h.

29 nov – Conditions molles pour commencer

Difficile de maîtriser nos emotions au moment de notre depart devant nos amis ce vendredi. Un cafard inexplicable nous envahit, alors qu’ils agitent les bras et que Tikehau s’eloigne. On espère les revoir aux Antilles ou en Bretagne. Dans le chenal entre Santo Antao et Sao Vicente, l’alizé accélère (effet venturi) jusqu’a 25 noeuds. On trace en compagnie de 5 autres voiliers qui ont également quitté Mindelo cette apres-midi.

Alors qu’on fait 2 heures au moteur sous le vent de Santo Antao, Theo et Gab nous préparent du poisson achete au marche. Ce qui est sur c’est qu’ils savent bien cuisiner, maintenant il ne faut plus que pêcher.

Pour ces premiers jours de nav, le vent est bien calme, une dizaine de noeuds de Nord- Nordest. On avance a une vitesse entre 4 et 6 noeuds. Des conditions idéales pour se remettre dans le bain avec notre escale de 5 jours au Cap Vert. La nuit a été fort calme.

Position a 14h22 TU-1 (soit a l’heure du Cap Vert, il est 16h22 en Belgique) 16N32,5′
26W50,7′
Cap 280
Vitesse 4 kts
Distance Barbade 1911 MN – on espère y etre pour le 16 décembre

Avis sur la Marina Mindelo – São Vicente – Cap Vert

La Marina Mindelo est exceptionnelle si l’on prend en compte qu’on est en Afrique, et qu’avant son ouverture en 2008 il n’y avait pas grand-chose. La ville se développe grâce à l’aéroport, la marina et sa baie abritée pour le mouillage. C’est à peu près le seul mouillage correct des environs. Sur l’île de Boavista par exemple il vous sera difficile de laisser votre voilier au mouillage pour explorer l’île. 

Points forts

– Localisation idéale à 50 mètres du centre de Mindelo – deuxième ville du Cap Vert
– Avitaillement facile et relativement correct.
– électricité et eau sur les pontons / sanitaires propres 
– Seule Marina au bout du monde … Quand même vachement pratique
– Ambiance exceptionnelle
– Shipchandler Boatcv correct, ils pourront vous aider avec vos problèmes (électroniques e.a.).

Points négatifs 

– wifi de la marina limité – la plupart des plaisanciers vont dans des bars environnants, 
– Énormément de clapot, faites attention à bien tendre votre pendille car à marée basse, des voiliers peuvent taper les pontons avec leur poupe ! Beaucoup de voilier préfèrent rester au mouillage pendant quelques jours avant de prendre un ponton au moment de faire l’avitaillement ou de circuler sur les îles. 
– Formalités lentes, heures d’ouverture du bureau d’immigration aléatoire 

Que faire à Mindelo

Mindelo est une ville agréable avec tout ce dont vous rêvez, wifi, gaz, gasoil, bar, resto… Pour voir de beaux paysages, faire des randos, prenez le ferry Armas jusqu’à Porto Novo sur Santo Antao. Prenez votre temps, jusqu’à une semaine pour explorer cette île à l’extrémité nord est de l’archipel. 

Sur l’île de Mindelo (São Vicente), il n’y a vraiment pas grand chose à faire hormi
– profiter du wifi correct
– se balader dans les faubourgs de Mindelo
– grimper le Monte Verde (740m)
– voir la tombe de Cesaria Evora
 Oubliez les villes de Baia de Gatas et Calhau, minuscules et complètement mortes en dehors du week-end.

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28 nov – 16h10 on largue les amarres

Nous sommes partis a 16h10 du port de Mindelo. Tikehau a les cuves d’eau et de gasoil remplies. On a un peu plus de 2000 MN jusqu’a la Barbade ou 2100 MN jusqu’a la Martinique. 17 jours de mer est un objectif… le 15 decembre de l’autre côté de la mare donc !

Le départ était émouvant avec les saluts de nos amis Patricia, François, Evelyne, Patrick et François. Ils nous ont donné un petit souvenir au couleur du cap vert à mettre sur notre frigo a Bruxelles.

Cap Vert on reviendra.

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Santo Antao – randonnées joyeuses

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Sur le débarcadère de Porto Novo, une trentaine de chauffeurs de taxi ou minibus haranguent les passagers fraîchement débarqués du ferry de 9 heures. L’un d’entre eux me convainc presque que 2000 escudos (20€) jusqu’au sommet du Cova sont un bon deal. Alors qu’il ne me lâche pas la grappe, je demande à Mno d’aborder le groupe juste à côté de nous afin de partager un « aluguer ». Ils nous acceptent à bord de leur 4×4 avec grand plaisir et cet instant chanceux eut un impact génial sur notre séjour à Santo Antao.

Cette île verdoyante est la deuxième plus importante du Cap Vert avec 779 km2 et située à l’extrémité nord ouest de l’archipel. Santo Antao est très escarpée et volcanique avec trois sommets qui culminent au dessus de 1800 m. L’activité principale est l’agriculture. Les récoltes de banane, canne à sucre et maïs sont ensuite exportées vers Mindelo – capitale de l’île voisine de São Vicente. 

Notre aluguer nous emmène à 1200m au cratère de Cova via l’estrada corda, un chemin pavé (comme tous sur l’île) au milieu d’un décor désertique ! Nos cinq français, Patricia et François, Evelyne et Patrick, et François , naviguent sur 3 voiliers – tous prêts à traverser l’océan comme nous. Avec Isabel, une portugaise nous formons un joyeux groupe de 8.

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Durant 5 heures, nous avons marché autour du cratère de Cova et descendu la vallée de Paúl ( pa-oul). Evelyne et Patrick, ainsi que Patricia et François, nous servent de guide sur les petits chemins raides, ils ont déjà fait cette rando il y a plusieurs années lors de leur précédent tour de l’Atlantique avec leur 2 filles. On est impressionné par le paysage, des terrasses, des pics, des petites maisons. Une capverdienne avec au moins 10 kg de bois sur la tête nous dépasse pieds nus dans la descente.

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Alors que nous nous connaissons à peine, on se surprend à rire à pleins poumons en permanence. Le pique-nique prouve que nos nouveaux amis sont pleins de resources inattendues. Dans leur petit sac à dos, ils ont prévu pain, fromage, jambon, salade de pâte, banane, vin, bière, couvert assiette verre !!!!!!!! Mno et moi sommes bien gênés, on était loin de s’attendre à pareil festin et nous n’avons que de pauvres Tucs et une bouteille d’eau dans notre sac à dos déjà trop lourd à notre goût. Pourtant ils partagent leur festin généreusement avec nous.  Le chemin devient moins raide après le déjeuner et nous finissons la rando autour d’une bonne bière à Vila Das Pombas au bord de l’eau.

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Après une demi-heure de « aluguer » jusqu’à la capitale de Santo Antao, Ponta Do Sol, nous descéndons tous au même hôtel, les jambes plutôt lourdes ! Ponta Do Sol est une jolie petite bourgade avec quelques « pensions » et restos. Après les caipirinhas d’usage pour l’apéro, Nous dînons dans le très recommandable BeiraMar – thon grillé légume et dessert pour 600 escudos (6€).

Mercredi neuf heures, nous sommes tous les 8 déjà en route sur le spectaculaire Sentier côtier qui relie ponta do sol à cruzinha. Pendant 12 km, ce chemin monte et descend à flanc de falaise. La mer sur la droite et des terrasses (pour la culture de maïs) sur la gauche. Patrick, marathonien, imprime le rythme, nous essayons de suivre ! On en revient pas, après 1h30 de marche, on passe par les villages de Fontainas et Corvo, uniquement accessible par ce chemin casse gueule ! Il y a des éboulis par endroits, et à un endroit il faut se tenir à une corde pour éviter de tomber 50 m plus bas dans la mer. Mno et Evelyne affrontent leur vertige grâce à leur chéri 🙂 . On finit cette nouvelle rando à Cruzinha. Le retour en aluguer par la montagne restera aussi un grand moment, avec des paysages inoubliables. Santo Antao est un paradis pour randonneurs, nous serions bien restés encore plus longtemps.

Ces deux jours sur cette île africaine du bout du monde resteront parmi les excellents souvenirs de notre voyage. Pour les paysages grandioses mais aussi pour la fabuleuse rencontre avec nos nouveaux amis.

Patricia et François de Saint-Malo continuent leur chemin à bord de leur voilier Sun Fizz nommé Loustal, ils prendront la semaine prochaine la direction de Salvador de Bahia au Brésil. C’est déjà leur troisième grand voyage.

Evelyne et Patrick à bord de Julia II, un Etap 37, traverseront vers Grenade aux Antilles. Avec de la chance, nous les reverrons en janvier là-bas ! Les deux veinards en sont également à leur troisième boucle atlantique !

François, à bord de Jonathan, un côtre Alu de 12m, va partir pour la Martinique. Il vit et navigue depuis plus de 5 ans sur son bateau – sans date de retour imposée ! Pour la traversée il sera aidé par deux bato-stoppeuses !

Isabel la Portugaise, démarre sa société pour promouvoir les énergies renouvelables dans les pays portugophones. Elle vient de finir un stage au conseil européen pour les énergies renouvelables (EREC).

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Récit Vidéo: La Gomera – Cap Vert

La semaine de navigation entre les deux splendides îles de La Gomera (Canaries) et Sao Vicente (Cap Vert) n’a pas été de tout repos. Tikehau et son équipage ont dû faire face à de nombreux grains. Les premiers jours on a même dû faire du près – chose inhabituelle sur cette route là.

ile de São Vincente

ile de São Vincente

Mindelo – deuxième ville du Cap Vert

L’archipel du Cap Vert est situé au large du Sénégal et a été colonisé par les portugais jusqu’à l’indépendance en 1975. Pour l’Afrique noire, le Cap Vert peut se vanter d’avoir une démocratie solide et stable. Mindelo est un port naturel et aussi la deuxième ville du Cap Vert avec un peu plus de 70.000 habitants.

Cette citée coloniale a connu ses heures de gloire comme station ravitaillement en charbon pour les vapeurs qui traversaient vers l’Amérique du Sud. Aujourd’hui, la petite ville revit grâce au tourisme. Une marina qui peut accueillir jusqu’à 120 voiliers a été construite en 2007. Les plaisanciers (comme nous) profitent de cette douce escale qui raccourcit la traversée vers les Antilles ou le Brésil.

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24 nov – Terre en Vue

Plus qu’une douzaine de milles nautiques jusqu’a Mindelo et sa marina promise. La VHF crache en Cap Verdien, la terre est en vue. Le soleil radieux, l’alizé solide d’une vingtaine de noeuds, on progresse sous un ris et génois roule. On arrive par l’est, en longeant l’ile de Santa Luzia. Durant mon quart de nuit, entre 23h et 3h, le rituel est toujours le même . D’abord un bon café pour me tenir éveillé , ensuite écouteurs sur les oreilles et on passe en revue les chansons stockees sur mon portable. Le plus grand artiste belge du 21ème siècle , Stromae, a fait une chanson « Ave Cesaria » en hommage à la plus célèbre des CapVerdiennes, Cesaria Evora. Et elle n’est pas mal du tout ! L’autre artiste que vous devez découvrir est Ayo, avec ses chansons comme Fire ou Who ! (faites une recherche dans google pour les écouter sur Youtube)

On aura mis exactement 7 jours (7x 24h) pour effectuer les 800MN entre La Gomera et Mindelo. Il faudra augmenter un peu cette moyenne de 4,8 noeuds pour la suite du voyage vers la Martinique. Prochaines nouvelles depuis la terre ferme !

Position le 24 nov a 10h20
16N57,1′
24W49,0′
Vitesse 6 noeuds
Cap 284
Distance de Mindelo 12 MN !!!! Encore 2 bonnes heures quoi !

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23 nov – 7eme jour – Atterrissage africain

L’Atterrissage en voilier consiste à arriver dans un port ou un mouillage pour mettre fin a la navigation. Cette phase est aussi délicate que pour un avion. Les dangers sont des courants inconnus, des marées surprenantes, des cailloux non-hydrographiés, des récifs … Idéalement, l’approche se fait pendant la nuit. De loin, il est en effet plus facile d’identifier des feux (3 éclats toutes les 10 sec ou 2 éclats toutes les 20 sec) que des crêtes ou des villages. Et se finit de jour pour identifier les bouees du chenal jusqu’au port. Pour notre atterrisage africain a Mindelo, il n’y a pas de dangers particuliers. Pas de passe sinueuse entre les récifs, ni de houle mauvaise. Le plus grand danger est une ou deux épaves dans le port qu’on évitera soigneusement. De plus, il y a 4 ans je m’étais rendu dans le même port cet archipel du Cap Vert.

L’escale fera du bien a tout le monde. Avec Madère, c’est un peu l’escale de rêve de ce voyage aller.

Hier samedi, nous avons passé la journée sous spi tribord amures, direction plein ouest. Durant la nuit, Tikehau naviguait sous Génois et Grand Voile vers le Sud Sud Ouest. Theo et Gab ont profite des conditions clementes pour travailler sur leur projet. Hier soir, apres avoir affalé le spi(naker), on a mis Tikehau a la cape pour profiter d’une baignade. L’eau est très bonne à 25 degrés. Risotto courgettes champignons gingembre ail (ail ail ail) tomates sechees jambon de parme parmesan arrose de vin rouge pour le repas (delicieux) du soir. JM s’est même resservi.

Il y a plein de poissons volants autour de nous, mais nos 2 pêcheurs du bord n’attrapent toujours rien avec leur traîne (trop courte). Je garde de très bons souvenirs des dorades d’il y a 4 ans… On n’a pas croisé de bateau depuis 2 jours.

Position le 23 nov a 13h40 TU
17N43,5′
23W14,9′
Cap 280
vitesse 5,5 kts
Il y a 15 noeuds de NNE sur zone, on est a 110 MN de Mindelo, on devrait arriver demain debut d’apres midi.

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22 nov – 6ème jour – Opération Bricolage

Les alizés sont la, on les sent ! Les alizés (Tradewinds en anglais) sont des vents plus ou moins constants qui poussent les voiliers de l’Afrique vers les Antilles. La navigation est donc agréable et cela commence franchement à chauffer.

La mise en place fut pénible , hier soir, le vent a progressivement tourné de l’ouest vers le nord et molli en consequence. On a multiplié les manoeuvres sur le pont. Allumé , éteint le moteur… ah ces vents irréguliers . Cette nuit, des étranges traces de photoplancton se dessinaient autour de Tikehau. Elles progressaient a toute allure, disparaissent, 2 ou 3 en parallele, zigzagzaguant…. Je mis un instant a comprendre qu’il s’agissait de dauphins s’amusant avec notre vague d’etrave. Ils sont restés la pendant une petite heure.

Ce matin, c’est bricolage dans tous les sens. Théo et Gab ont envoyé le spi 3 fois en une heure, une fois a tribord puis 2 fois a babord. JM expérimente avec le frein de bôme , vêtu de seulement de son maillot.
Mano et moi meme essayons de résoudre le probleme de l’hydrogénérateur. Cette petite turbine qu’on glisse dans l’eau qui devrait produire l’électricité necessaire au bord. Cependant, la fiche qui connecte la turbine au convertisseur AC DC a été mal remontée lors des précédentes (tentatives) de réparations . Je crains que nous ayons besoin d’une nouvelle fiche ainsi que des pines pour connecter le tout.

Petit problème , on n’ avance pas du tout sur la route directe vers Mindelo au Cap Vert, on pense toujours y arriver lundi 24 nov. On devra repartir le 28 au plus tard pour être le 20 decembre en Martinique au Marin.

Position a 10h50 TU le 22 novembre
18N58,2′
21W32,8′
Cap 279
Vitesse 5,5 kts
Distance de Mindelo – 230 MN

21 nov – Cinquième Jour de Mer – Place au beau temps

Alors que j’écoutais Me Gustas Tu (Manu Chao) cette nuit durant mon quart, je compris que toutes les peines (grains) qu’on avait eu les jours précédents étaient déjà oubliés. Rien de plus beau que de voir filer notre voilier sous les étoiles, dans le silence, seul sur le pont sous un ciel étoilé. Je ne vois plus la grande ourse, mais Cassiopée (le W) est bien visible derrière nous.

Je sens que l’equipage a hate qu’on arrive, l’enthousiasme est moins grand quand il faut ranger nettoyer preparer a manger. C’est toujours commec cela, les jours les plus longs sont les 2 ou 3 avant l’arrivee.

Le beau temps est enfin la alors qu’on a passe la latitude de Cap Blanc (Mauritanie). Fini les dépressions, les fronts ? On verra, mais le calme fait du bien après le lave linge de hier. Il doit y avoir 25 degrés au moins, le ciel est bleu bleu bleu, le fond de l’air encore un peu frais car le vent vient d’ouest encore. Cela changera avec la bascule dans les heures qui viennent vers l’est.

Position a 12h40 TU le 21 novembre
20N31,0′
20W26,5′
Cap 235
Vitesse 5,7 kts
Distance de Mindelo 336 MN au 240

ETA lundi donc. Cela nous laissera que 2-3 jours complets sur place, mais nous fera le plus grand bien.

20 nov – 1 grain 2 grains 3 grains

On a enchaine les grains comme les perles sur un collier.
Le vent etait toute la journee entre 20 et 28 noeuds.
Cela semble enfin se calmer et le vent est passe nord.

On a 2 malades, et Theo nous a prepare un diner delicieux.

Position 20 nov 19h20 TU.
21N58,7′
19W35,5′
Cap 245
Vitesse 6 noeuds
Distance Mindelo 430 MN (ETA lundi)

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20 nov – 4ème jour de mer – Rock n Roll

Petit message court, on a 20 noeuds de W, on est au pres (GV 2 ris et Genois enroule),
ca tape pas mal, la sensation d’etre dans un lave linge avec les embruns qui passents, la gite permanente etc…

Moral bon, mais ou sont ces fichus alizes. Il y a 4 ans on avait du NE entre les Canaries et le cap vert, et mtn c’est W…. bon la bonne nouvelle cela va adonner dans l’apres midi.
On a tres bien progresse les derniers 24h, apres le gros grain sans vent mais plein de flotte de hier midi, le vent a tourner nord et on a pu faire route directe jusqu’en fin de nuit. On voit quelques bateaux durant la nuit, c’est sympa.

Tout le monde essaie de s’occuper mais impossible de lire ou de faire des sudokus, ni meme des parties de rikiki sur le pont…

Pour communiquer depuis notre voilier on utilise principalement
le telephone satellite (irridium) pour envoyer des nouvelles et telecharger la meteo
la VHF (sorte de radio talkie walkie avec portee d’une 50taine de km) que tous les bateaux ont pour communiquer entre bateaux et avec les ports

En plus ce cela, en cas d’urgence (vie ou mort) on a une balise de detresse (copas sarsat) qui en cas de declenchement amenerait les secours rapidement !

Position a 11h40 TU (temps universel) le 20 novembre
22N39,2′
19W23,3′
Cap 190
Vitesse 6 noeuds
Distance de Mindelo 466 MN

19 nov – Troisième jour vers le Cap Vert – Les Quarts

Bonjour,

En ce mercredi 19 novembre, nous filons plein sud a 6 noeuds. La vie bord s’organise. On est au pres depuis 2 jours alors on espere que le vent va basculer rapidement Nord, comme cela on pourra faire route directe sur le Cap Vert – Mindelo.

On est a 180 MN du Cap Blanc en Mauritanie, a plus ou moins 100 MN de la cote la plus proche. Cette nuit fut plutot calme, 2 voiliers a notre babord, et quelques eclairs a notre tribord. En ce moment, un IMMENSE grain bien noir est a notre tribord, probablement le meme que cette nuit, il se rapproche tout doucement mais peut etre passera t on encore juste devant.

Les quarts a bord sont organises de la maniere suivante

20h – 24h Jean Michel
23h – 3h Theo
2h – 6h Gabi
5h – 9h Mano
8h – 12h Miguel

Je vous entends crier a l injustice, ne vous inquietez pas, demain soir on change tous d’horaire… on passera donc tous par les quarts dits difficiles en milieu de nuit. Pour les repas, on y passe chacun notre tour aussi. Je suis peu vernis aujourd’hui car c’est a moi a preparer a manger et cela bouge plutot.

J’ai appris a l’équipage à ne pas se servir du pilote pour chaque pause café en milieu de nuit, cela a bien marché. La nuit précédente, pilote au moins 10 fois (donc j’étais réveillé 10 fois), cette nuit ci, pas une seule fois. Le bateau tient plutôt bien sa route tout seul au près.

Mano écoute les chansons du film Everything is Illuminated, souvenir de sa première croisière en 2009 en Croatie. JM ecoute du Vivaldi breton à tue tête dans son casque. Theo lit un ouvrage sur Porto Santo, et Gabi essaie de travailler sur son PC. Pour ma part je viens de finir les Lions du Panshir de Ken Follet sur la liseuse.

Position le 19 novembre a 11h08 TU
24N22,0′
17W57,3′
Cap 185
Vitesse 5,5-6 kts
Disance de Mindelo 595 MN (1 MN = 1.852 km)

Deuxieme jour de nav direction cap vert

Bonjour a tous,

Tikehau a quitté La Gomera lundi 17 novembre vers 11h20 TU. Cette escale restera certainement parmis les très bons souvenirs de ce voyage. L’île a tout pour plaire.

Le vent s’est rapidement orienté Ouest et entre les îles de la Gomera et El Hierro, a même forcit jusqu’a 18 noeuds à cause de l’effet Venturi. On prit notre diner alors qu’on etait sous le vent de El Hierro. Au menu, couscous du capitaine arrosé d’un verre de rose. Notre première nuit en mer fut excellente. Tout le monde a pu très bien dormir, cela fait fort plaisir. On filait sous génois et GV vers le Sud.

Ce matin, notre antenne VHF tirait un peu la gueule, Gabi est monté en haut du mat pour la redresser ainsi que reserrer l’ecrou qui la tient. Le vent est calme, une petite dizaine de noeuds de W, on fait route au Sud. Il y a une goelette (voilier avec 2 mâts de même hauteur) à notre babord.

JM a préparé le repas du midi, sa spécialité, guacamole d’avocat et de pamplemousse. Les fruits achetes au Carrefour a Tenerife mercredi la semaine passée semble avoir du mal a tenir. Du coup on n’est pas loin de 5 fruits par jour par personne.

Au programme de l’apres midi, lecture, bricoler une traine ainsi que tester le panneau solaire.

Le vent va forcir du SW en fin de journee et tourner progressivement nord pendant la nuit, 15-20 noeuds, conditions idéales !!

Position a 13h TU le 18 novembre
26N10,2′
17W58,0′
cap 185
vitesse 4,5 noeuds
encore 676 MN jusqu’au Cap Vert (Sao Vincente)
Arrivee prevue Dimanche (?) à Mindelo

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Et la Gomera nous enchanta

Une fervente suiveuse de notre blog fit la remarque prémonitoire « c’est bien que tous les touristes s’entassent à Tenerife ». Elle ne crut pas si bien dire, loin de l’agitation de sa grande sœur Tenerife, la Gomera avec ses 400 km2 et 29.000 habitants attire moins de touristes (ils sont toujours allemands), n’est pas infestée d’hôtels et son aéroport n’accueille que quelques coucous d’une vingtaine de places par jour. Ce calme se ressent aussi auprès de la population qui est nettement plus accueillante et chaleureuse.

La nature y est extraordinairement préservée, des cultures en terrasse, des vallées vierges de toute habitation, des paysages à couper le souffle un peu partout. Se promener sur les nombreux sentiers de l’île est un vrai bonheur.

Aujourd’hui, Mno et moi sommes partis de Hermigua à 200m d’altitude dans une vallées à l’Est de la Gomera. 5 h plus tard, après avoir traversé une forêt dense ressemblant à celles de Madère, nous étions au sommet du Garajonay dans le parc naturel éponyme à 1481 m !! La légende de Gara et Jonay ressemble à celle de Roméo et Juliette, un amour interdit qui finit par un double suicide. La randonnée bien que fatigante pour nos jambes peu entraînées, est sans hésitation un des meilleurs moments du voyage jusqu’ici.
Alors que nous redescendions de notre sommet, une dame originaire de Séville mais vivant à la Gomera depuis 7 ans nous a emmenés jusqu’à Playa de Santiago au Sud de l’île. Les vallées, bien que toujours escarpées, sont nettement plus arides qu’au nord. C’est à 17h à Playa de Santiago qu’on prit enfin notre premier repas de la journée – 2 Burgers à 2.20€ pièce !

Alors qu’on ratait le bus retour pour la capitale San Sebastian, on se mit à l’autostop pour rentrer …

Conclusion, pour des vacances de rêve – prenez un vol low cost jusqu’à Tenerife, et ensuite un ferry pour La Gomera (ou La Palma ou El Hierro)!

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Tenerife – La Gomera

Les 60 MN qui séparent Santa Cruz de San Sebastian sur l’île de la Gomera ont été avalés en 13h. Le départ à 6h30 fut plutôt rude après la sortie de la veille dans Santa Cruz. Une pensée pour les deux bato stoppeurs qui avaient choisi de loger sur Tikehau… Le bateau qui s’est réveillé le plus tôt ce samedi!!

Le départ dans le noir, au moteur et sous un crachin breton ou belge n’était pas très excitant…

Vers 11h, alors que l’equipage complet semblait enfin réveillé, on hissa notre spi fraîchement réparé! A notre grand bonheur, la voile est comme neuve et permit à Tikehau de filer plein sud en longeant la côte Est de Tenerife. Après le passage de la pointe sud de l’île, il nous restait une bonne vingtaine de milles jusqu’à san Sebastian.

Pendant ce temps là, le soleil tapait fort en mer mais il pleuvait sec à terre!

Ce détroit ne fit pas exception à sa réputation très venteuse… Le vent est rapidement monté à 20 puis finalement 25 noeuds (5-6 Beaufort). C’était génial de voir Tikehau filer à plus de 7 noeuds au près sous grand voile (1 ris) et trinquette (solent ) . Le tout agrémenté de quelques globicephales (entre dauphins et baleines) ainsi que d’un coucher de soleil magnifique… Impossible de vous décrire les milliers de variation de jaune, orange ou rouge…

Dernière palpitation de la journée, une arrivée dans la nuit noire dans le petit port de San Sebastian… Alors qu’un gros ferry Fred Olsen express nous signalait avec sa corne qu’on devait déguerpir de sa zone!!

La Gomera nous plaît énormément, calme, mignon, posé!

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San Sebastian de la Gomera

Tenerife – massacre urbanistique pour le tourisme de masse

Quelques photos qui vous feront rêver! Sérieusement – visiter Madère avant Tenerife est une très mauvaise idée. L’équipage de Tikehau est unanime – on préfère tous Madère.

Les côtes de Tenerife ont été bâties sauvagement presque partout, l’île n’a pas d’âme et plus de charme. Tout cela pour attirer un tourisme de masse et low-cost. Le long des autoroutes, de grands panneaux publicitaires indiquent – en allemand – où acheter ou revendre sa voiture…
Il y a au moins trois stations radios en Anglais…

Mno et moi sommes d’accord – JAMAIS – nous ne viendrons ici en vacances… Mais Tenerife reste néanmoins une escale presque idéale pour se ravitailler avant une transat.

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Playa Las Americas

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Si vous cherchez un peu de charme malgré tout, la côte nord a un rien plus de charme. Nous avons apprécié La Laguna à quelques kilomètres de Santa Cruz , la Orotava qui est une belle vallée ainsi que le village de Garachico. La capitale Santa Cruz est fort touristique car il y a des bateaux de croisières qui déversent des milliers de touristes chaque jour. Cependant, la ville est agréable, et puis rien de mieux que de boire un jus frais en terrasse un 14 novembre 🙂 .

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Si vous cherchez de la belle nature, le parc national du Teide vaut certainement le détour. Ce volcan qui culmine à plus de 3000 mètres occupe le centre de l’île. Malgré les nombreux cars de touristes, les plaines volcaniques nous ont fortement impressionnés. Les coulées noires de lave nous rappellent le volcan de Big Island à Hawaii.

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Avitaillement pour la transat

10 kg de pâtes
5 kg de riz
3 kg de semoule
14 kg de farine
1 pata negra
60 œufs
120 bouteilles de 1,5L d’eau
120 canettes de bières
2 bouteilles de rhum
120 oranges
50 citrons

Voici entre autres ce que contiennent désormais les soutes de notre Oceanis 37 afin de réussir la traversée Îles Canaries , Cap Vert puis Antilles !

On a finalisé l’avitaillement mercredi soir, il nous manque plus qu’un peu de pain.

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