Comme 2 semaines plus tôt, je débarque à Hong Kong au milieu de la nuit, et dors brièvement au dernier étage de la Chunqing Mansion ! Ce mardi avait été animé, avec plusieurs réunions que j’avais organisé avec ma patronne venue de Belgique !
Mercredi matin, on retrouve les équipiers de Aya (Pogo 10.50) pour la course, la Rolex China Sea Race, départ Hong Kong, arrivée Subic Bay, Philippines. Plus ou moins 600 MN ! Philippe, Sébastien, Denis, Yves, Eric et le petit Miguel pour mener notre mission à bien. Petit, car la moyenne d’âge tourne autour des 50 ans…
On embarque la nourriture, on prépare le bateau, et on largue les amarres, direction le Yacht Club de Causeway Bay (en plein milieu de Hong Kong, à 2 km de Central). Quelques petites manœuvres pour s’entraîner, le bateau accélère bien dès qu’il abat. Arrivés au cœur de Hong Kong, en vue du Yacht Club, une manœuvre ratée d’envoi de Gennaker, on se retrouve à 4 pattes sur le pont pour réceptionner l’enrouleur, et … l’axe qui maintient l’étai* menace de s’en aller, traduction : le mât risque de tomber ! Résultat évidemment PANIQUE. On sécurise le mât avec une drisse, et on rejoint de Yacht Club la tête basse.
Fin d’après-midi animée. Il faut passer les formalités de douane, réparer convenablement l’étai (surtout trouver un axe de la bonne dimension), … Autour d’Aya, la trentaine de bateaux pour la course, il y a des A35, des A40, deux TP52, du beau monde quoi ! Un bateau est encore plus en panique, « Ambush » ayant cassé son safran*. Ils mettront toute la nuit pour stratifier un nouveau, le bateau sera remis à l’eau moins d’une heure avant le départ à l’eau.
Après avoir réglé tout l’administratif, les équipages se retrouvent pour le « skipper briefing ». Je mange ensuite avec Seb et sa copine au centre de Hong Kong avant de passer la nuit seul sur le bateau. Quel bonheur !
Après le petit-déj « royal » au Yacht Club, départ de la course. Moment intense,
30 bateaux qui se frottent les uns aux autres sur une ligne de départ d’à peine 300m de large. Installé à l’avant de Aya, je veille aux autres bateaux, et surtout je leur gueule dessus quand ils essaient de ne pas respecter les règles de « priorités ». Rapidement, les meilleurs bateaux prennent le large avant que la pétole*** ne s’installe !
30 NM en 24 heures
Toute la nuit, on cherchera le moindre souffle de vent, le speedo tournant autour des 1 kts (alors que notre vitesse moyenne devrait être de 6 kts), et on slalomera (de temps à autre avec la risée Volvo) entre les pêcheurs chinois. Ensuite le vent s’oriente mal, le portant annoncé par Philippe, devient du près, je me fais mes premiers soucis, est-ce que je serai à temps aux Philippines pour récupérer mon avion ?
Après le calme, voilà un petit coup de vent qui arrive. Grosse discussion entre les adeptes du fonce vers le Sud, et gardons le cap route directe, au près. Grosse discussion, puis discussion sans fin… jusqu’à l’arrivée. Le coup de vent n’est pas très inquiétant, un bon 30 nœuds au bon plein cela passe, mais plus embêtant est que je ne suis pas équipé, je suis donc complètement trempé durant toute la seconde nuit.
Problème Moteur
On allume le moteur plusieurs fois par jour pour recharger les batteries (et alimenter les ordinateurs, frigo, feux de route, etc…). Inquiétude quand l’alarme moteur se déclenche, il surchauffe :
– C’est parce qu’on est à la gîte depuis longtemps, l’huile et le liquide de refroidissement ne circulent pas bien.
Les « connaisseurs » me répondent en cœur :
– Non, sûrement pas, le moteur est neuf. La gîte n’a rien avoir là dedans.
N’étant pas un spécialiste moteur, je m’incline devant les « connaisseurs », mais je suis frustré que mon hypothèse ne soit pas vérifiée, pris en compte. On éteint et allume le moteur plusieurs fois, excellent pour les batteries par ailleurs. Les « connaisseurs » vérifient tout ce qu’ils connaissent, souhaitent démonter plein de trucs, mais heureusement aux paroles ne suivent pas les gestes ! Pour ma part, je m’enfonce un peu plus dans mon mutisme et ma frustration augmente. Cela fait plusieurs fois que je propose mon point de vue sur la nav, les manœuvres, le moteur… il est à chaque fois ignoré …
Les journées de la course sont rythmées par les « vacations », moment où tout les concurrent communiquent leur position. Le moteur continue à faire des siennes pendant plusieurs jours (on est toujours au près – bon plein, le bateau gite donc). La bouffe souffre. Et la chaleur arrive, la journée cela commence à devenir intenable.
Dimanche, 4ème jour de mer, enfin un peu de portant et un Gennaker, le bateau revient à l’horizontale, et – AU MIRACLE – le moteur fonctionne comme si de rien était ! Et la gîte dans tout ca ?
Lundi encore de la pétole, les Philippines sont en vue, la tension dans l’équipage est énorme. Je reste en dehors de tout ca, j’alterne entre la sieste et mon quart de barre. J’apprécie d’être seul sur le pont pendant que le reste de l’équipage dine dans le carré. Englué dans des calmes à 5 miles (+- 9km) de l’arrivée, on « abandonne » la course et on termine au moteur. Tout le monde est soulagé d’arriver, le comité de course nous donne un pack de bières « San Miguel » fraiches ! Encore 1h30 de moteur dans la Subic Bay pour arriver au port. Certains équipiers vont loger à l’hôtel (il est 2h du mat).
Courte mais bonne nuit à bord, je rejoins Manille et des amis philippins le mardi après-midi, vol pour Shanghai le mercredi matin pour une réunion boulot et ensuite retour Belgique via Pékin.
* Étai est le câble qui maintient le mât par l’avant.
** Safran est ce que le non-initié appellera « gouvernail ».
*** Pétole veut dire l’absence de vent.